Microsoft vient de faire traduire 125.000 articles de sa « Knowledge Base » à l’espagnol et s’apprête à répéter l’opération en français. Mais au lieu de s’adresser à des professionnels pour ce travail délicat, elle a recours à ses propres ordinateurs. Et ça marche grâce au travail réalisé par Microsoft Research (MSR), le groupe de recherche de la compagnie de Bill Gates qui vient de donner un aperçu sur ses travaux dans les locaux de son laboratoire de la Silicon Valley.

Mountain View, Californie, 24.avr.03

La qualité de la traduction automatique est loin d’être parfaite mais, fait remarquer Rick Rashid, Senior Vice President chargé de la recherche, les tests montrent que « 86% des usagers sont satisfaits et que 50% ont pu régler leur problème, ce qui est comparable aux résultats que nous obtenons en anglais.

Avec 700 employés répartis en cinq centres dont Pékin et Moutain View, Microsoft a l’un des groupes privés de recherche les plus importants. Le budget est d’environ un quart de milliard de dollars.

Ancien professeur d’informatique à l’Université de Carnegie-Mellon, Rashid explique que « beaucoup de ce qui se passe en ce moment à Microsoft a son origine dans le travail de notre groupe de recherche ». Il cite entre autres exemples le Tablet PC et la version la plus récente du programme Movie Maker qui édite automatiquement les films d’amateur en enlevant les passages les plus ennuyeux. Il paraît que le laboratoire de Pékin a développé un modèle qui sait les repérer.

Une partie essentielle de l’effort de MSR porte sur l’élimination des bogues des programmes de la compagnie. Mais la recherche porte aussi sur des idées curieuses voir amusantes.

La montre de Rashid, par exemple, lui donne la température qu’il fait et l’heure qu’il est dans la ville où il se trouve (mais elle annonce du soleil alors qu’il pleut alentour).

Avec GWindows, une technologie, qui a inspiré certaines scènes du film de science fiction Minority Report, le curseur répond aux mouvements de la main grâce à deux caméras installées au dessus de l’écran face à l’utilisateur. Une torsion du poignet devrait bientôt suffire pour baisser le volume d’un morceau de musique.

Conformément à une habitude bien établie chez les informaticiens, MSR ne s’inquiète pas de l’excès d’information. Au contraire. « Toutes les conversations que vous pouvez avoir depuis le moment de votre naissance jusqu’à votre mort, pourraient tenir dans un disque dur de 1 terabyte (1 milliard d’octets), » explique Rashid. Cela équivaut également à six mois d’images enregistrées par une caméra que l’on porterait sur le front huit heures par jour. Un disque capable de garder une telle quantité d’information ne devrait pas coûter plus de 400 dollars dans trois ans.

La première approche pour gérer cela porte sur l’organisation de l’information. Un prototype appelé « Stuff I’ve Seen » (choses que j’ai vues), par exemple, garde tous les écrans vus par l’utilisateur pendant un an et permet de les retrouver sur la base de la mémoire visuelle. « Il garde l’information d’une façon qui est sensible au contexte  » explique Eric Horowitz, un des chercheurs de MSR.

L’autre approche consiste à améliorer la recherche d’information. « Ask MSR » (Demande à MSR) répond à des questions posées en langage naturel. A la différence de Ask Jeeves qui repose sur une longue liste préétablie d’interrogations possibles, la technologie de Microsoft se sert des documents de l’internet, les compare entre eux en temps réel et donne les réponses assorties d’un pourcentage de probabilité. Le système marche parfaitement pour des faits précis comme l’assassinat de Lincoln.

Rashid en est moins fier mais les réponses sont presque plus intéressantes quand les questions sont plus compliquées. Nous lui avons demandé où se trouvait Saddam Hussein. Réponse de Rashid: « J’ai essayé cela hier et la première réponse fournie a été « Irak ». La seconde était la Syrie et la troisième, les États-Unis. Je ne puis qu’assumer qu’il a été fait prisonnier et que personne ne nous dit rien, » conclue-t-il pour faire rire la salle.

Plus curieux, si on interroge le programme sur le sens de la vie, – textuellement « What is the question of life? » – il suggère plusieurs réponses possibles (toutes assorties d’un faible pourcentage). « Dieu » obtient 10% en seconde position derrière « Question » qui se voit attribuer 16% de probabilité. C’est philosophiquement imparable et devrait permettre, selon les plans de MSR, le développement d’un moteur de recherche payant spécialement conçu pour les entreprises.

MSResearch: http://research.microsoft.com

MSResearch

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...