Nous étions donc au sentiment que la couverture du tsunami par les blogs avait été partiellement décevante, surtout dans les premiers jours. Je suis d’accord avec ceux qui y voient une manifestation de la fracture digitale et avec le commentaire de Jean-Pierre sur la barrière linguistique (ce qui mériterait une analyse à part). Voir mon billet et les commentaires ici.

Et pourtant Dan Gillmor n’hésite pas à déclarer que dans l’histoire des média il y aura « avant le tsunami et après le tsunami ».

Il n’y a pas que les blogs…

Pour le suivre il faut d’abord reconnaître que d’autres technologies, d’autres formes d’expression ont surpris positivement.

Utilisés par tout le monde, y compris les locaux, les SMS ont joué un rôle considérable pour la transmission d’information comme le montre Emily Turrettini sur Textually.

J’ai personnellement trouvé, et je l’ai dit ici, que Wikipedia avait joué un rôle nouveau et très utile en donnant très vite des informations de fond, ce que les médias ont du mal à faire et qui se trouve hors de portée des encyclopédies traditionnelles.

Paradoxalement enfin (en apparence du moins) les meilleurs témoignages directs se trouvaient sur le site de la BBC, un média traditionnel, qui a fait appel à ses nombreux lecteurs et auditeurs de la région et a su mettre leurs récits et photos en évidence.

Collaborations entre citoyens et reporters

Tout ceci, y compris les blogs bien sûr, donne lieu à ce que Steve Outing appelle l’émergence des « citoyens-reporters » dans l’article où apparaît la phrase de Gillmor citée plus haut.

Malgré la fracture digitale, les instruments pour enregistrer et transmettre sont de plus en plus répandus et « au cours des prochaines années les consommateurs d’actualité trouveront de façon routinière les meilleurs récits de citoyens-reporters mêlés au travail des journalistes traditionnels, » pronostique Outing.

Cette collaboration mérite un billet à part. J’y reviendrai.

Émotion

Mais avant je ne peux m’empêcher de me demander ce que nous apportent ces « citoyens-reporters ».

Outre, comme le dit Gillmor, qu’ensemble ils en savent plus que les experts, je leur trouve deux vertus irremplaçables: être là, par hypothèse, même quand les médias sont ailleurs. Transmettre un « je-ne-sais-quoi » essentiel que les journalistes habitués à « couvrir » les misères humaines tendent à perdre pour survivre, l’émotion.

J’imagine, j’espère, que là encore nous ne serons pas tous d’accord.

Dites le nous.

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...