La deuxième conférencemondiale Open Source/Logiciels libres qui s’est tenue à Málaga en Andalousie lasemaine dernière a permis à près de 6.000 personnes de voir comment lesprogrammes tournent sur des machines normales. Elles ont pu aussi assister à demultiples débats entre 200 intervenants venus d’un peu partout en Europe et auxAmériques.

Pour ceux qui l’ignorentencore, il est fascinant de voir comment l’adoption des programmes OpenSource/Logiciels libres sont l’objet de discussions stratégiques aussi biendans les entreprises que dans les écoles et universités, les ONGs et lesgouvernements nationaux ou locaux. Il a maintenant deux voies possibles et unnombre considérables de solutions plus ou moins hybrides.

J’étais invité àparticiper à deux discussions. La première portait sur la contribution dumouvement à l’émergence de nouveaux modèles de société.

Éthique et « capitalismeinformationnel »

Javier Bustamante,philosophe et professeur  a invoqué lesdimensions éthiques en jeu et souligné le rôle de la coopération, de la volontéde partager. Les technologies de l’information et de la communication facilitentl’échange, alors même que « l’égoïsme éclairé » nous pousse à mieuxpartager. Bustamante applique au mouvement ce proverbe indien cité parDominique Lapierre selon lequel « tout ce qui ne se donne pas se perd ».

Sergio Amadeu,ancien responsable du secteur Open Source du gouvernement brésilien a posé leproblème en termes des luttes à l’ère du « capitalisme informationnel ».« L’innovation indispensable à la reproduction du capital » bénéficiedu partage affirme-t-il. Mais la pratique croissante de cette notionfondamentale risque de « créer un virus fatal pour la concentration derichesses et la monopolisation ». D’où les résistances.

Les pouvoirs enquestion

J’ai pour ma partessayé de montrer que l’esprit Open Source commence à atteindre certaines descomposantes essentielles du pouvoir.

L’internet et lestéléphones dotés de caméras permettent aux citoyens de surveiller les puissantset de mettre en commun les informations obtenues. Ça vaut pour les vedettes decinéma, les hommes politiques et les journalistes.

Cette inversionde l’ère de la surveillance (de la périphérie par le centre) caractéristique dela modernité symbolisée par le Panoptique de Bentham repris par Michel Foucault,est amplifiée par le développement des réseaux sociaux qui sont eux-mêmesrenforcés par le pouvoir de communication horizontale offert par les TIC.

Dans un autredomaine, le pouvoir de mobiliser les ressources en dehors des institutions s’accroît.Le site Global Giving, par exemple, permet à des philanthropes de se mettredirectement en contact avec des organisations du tiers monde et de participerdirectement à leurs activités que ce soit avec de l’argent, du travailpersonnel ou avec des connaissances.

Le quatrièmepouvoir, celui des médias, est lui aussi profondément remis en cause par laparticipation de tous et le partage des informations. On le voit dans lescommentaires aux articles, le journalisme citoyen et le tagging qui permet uneclassification sur laquelle les responsables de journaux n’ont aucune prise.

Même la guerrepeut se mener dans l’esprit Open Source comme le montre John Robb sur son siteGlobal Guerillas (J’y reviendrai).

Si l’éthique, l’économieet l’articulation de certains pouvoirs essentiels sont remis en cause par lemouvement Open Source, il est tentant de dire qu’il contribue à l’émergence denouveaux modèles de société.

Qu’en dites-vous ?

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...