En quelques jours au début du mois de mai, 09F9 est devenu presque aussi célèbre que R2D2 le robot de Star Wars. Il ne s’agit pas, cette fois, d’une machine futuriste mais, plus prosaïquement, des premières lettres d’une clé pour ouvrir le verrou de protection des HD-DVD.

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En voyage au moment des faits, je n’ai pas pu en parler comme j’aurais souhaité le faire. Mais l’évènement est trop important pour ne pas y revenir. J’espère que même ceux qui ont déjà tout lu sur le sujet trouvberont quelques liens intéressants.

Le 30 avril un usager a posté sur le site de Digg.com un lien pointant vers un blog qui donnait une clé susceptible, dans certaines circonstances, de briser le système interdisant de copier les HD-DVD et les DVD au format Blu-ray. Il reçut un grand nombre de votes favorables (plus de 15.000) qui le promurent en première page.

(Sur le fonctionnement de Digg, voir ces billets .) 

Aussitôt, l’Advanced Access Content System Licensing Administrator (AACS), a enjoint les responsables d’éliminer toute mention de la clé. Ce qu’ils ont commencé par faire

L’AACS est une association chargée par plusieurs entreprises technologiques (d’IBM à Sony) et des studios comme Disney et Warner Brothers de limiter les copies de HD-DVD.

Les usagers ont alors vu rouge et se sont en masse dédiés à multiplier les références au code de 32 lettres qui commence par 09 F9 et à voter pour les articles et billets qui en parlaient.

Ce que voyant Kevin Rose, dernier en date des enfants chéris (et terribles) du web et co-fondateur de Digg.com, décida avec son partenaire Jay Adelson de cesser de censurer ses usagers.

On trouve aujourd’hui pas loin de deux millions de pages contenant les 32 lettres du code sur Yahoo (1,5 millions sur Google ).

C’est d’autant plus ironique que presque personne n’a encore ce genre de DVD et que même s’ils l’avaient ils auraient du mal à en faire quelque chose (il faut écrire un programme spécial et ça ne marche que sur Linux). 

C’est en fait la tentative de censure qui a conduit les internautes à mettre le code partout et sous de multiples formes (chansons, vidéos, images et même T-shirts). La plus élégante est sans doute celle de GelGreeting qui est exclusivement faite de photos de bâtiments prises sur Google Earth (cf. l’illustration). 

L’AACS vient de découvrir en même temps qu’il est vain de mener une bataille en se fondant sur une technologie qui sera toujours déjouée et que le recours à des avocats qui appliquent les recettes traditionnelles peut être catastrophique à l’heure des usagers connectés en réseaux .

Elle aura d’autant plus de mal à se remettre qu’elle n’en est encore qu’à ses débuts, qu’elle s’est fait connaître du grand public de façon négative alors même que sa technologie reste chère et minoritaire. Un moment particulièrement mauvais pour irriter les acheteurs potentiels.

Ceci étant, ça n’est pas la première fois, ni la dernière, qu’un code de protection est « cracké » par des hackers puis rendu public.

La nouveauté n’est pas d’ordre technique, elle est d’ordre social. Elle tient aux implications de la rébellion des usagers.

J’y reviens tout de suite…

[L’illustration représente une partie du code tel qu’on le trouve sur GeoGreeting]

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...