andreessenbianchini-flickrduncandavidson.1181923534.jpg Marc Andreessen, salue le lancement de Facebook avec autant de superlatifs que tous les autres et quelques arguments un peu plus solides. Il y voit « un des éléments les plus marquants de la décennie en matière de technologie » et un « saut en avant dramatique pour l’internet ». (Voir les billets précédents un , deux et trois ).

Andreessen , c’est l’autre père du web, celui qui nous a permis de le « voir » en inventant Mosaic (1993) le premier navigateur. Pas n’importe qui.

La raison de ce coup de chapeau tient à la différence entre plateforme et application explique-t-il. « Une ‘plateforme’ est un système qui peut être reprogrammé et donc personnalisé par des développeurs extérieurs – des utilisateurs – et, de cette façon, adapté aux innombrables besoins et niches que les développeurs originaux de la plateforme ne pouvaient pas avoir envisagé […]. Par opposition, une ‘application’ est un système qui ne peut pas être reprogrammé par des développeurs extérieurs. »

Il se trouve, ajoute-t-il, que la plateforme gagne toujours comme le montre le cas de Windows, sur laquelle les développeurs créent les applications qu’ils veulent. Or le web n’a pas encore pleinement tiré parti de cette différence.

Facebook a décidé de se lancer dans cette direction d’une façon sophistiquée. Elle offre une suite complète d’API (les interfaces permettant de créer des applications) avec une variante de HTML, un langage permettant d’interagir avec le système et un autre pour base de données (FQL, une variante de SQL).

L’approche est très différente de celle, également ouverte, qui propose des API à partir desquels on peut créer des applications à l’extérieur du système considéré grâce au partage de données ou de fonctionnalités. C’est ce que font eBay, Google et beaucoup d’autres maintenant.

Le choix de Facebook est d’autant plus astucieux que tout passe par ses propres serveurs alors que chaque société qui propose une application doit gérer le trafic qui résulte de la collaboration sur les siens. Cela donne le contrôle à Facebook tout en donnant la charge de la croissance (un problème qu’ils sont éventuellement ravis d’avoir) aux développeurs mais qui peut faire sauter leurs serveurs.

L’intéressant dans tout ça, c’est qu’Andreessen est lui-même en train de lancer une plateforme, Ning , sur laquelle chacun peut créer son réseau social c’est-à-dire son propre monde.

MySpace avait déjà ouvert le chemin des plateformes et Apple semble vouloir emboîter le pas de tout ce joli monde. Steve Jobs a en effet décidé de permettre à tous les développeurs d’applications web 2.0 de développer des services qui seront utilisables sur l’iPhone (dont la sortie aux États-Unis est toujours prévue pour le 29 juin).

Tout cela converge pour indiquer que nous sommes peut-être en train de voir l’émergence d’une tendance lourde: celle des plateformes web.

[Photo Flickr de Duncan Davidson : Gina Bianchini co-fondatrice de Ning et Marc Andreessen]

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...