Comprendre ce que veut dire « entreprendre » en posant des questions à ceux qui s’y consacrent (pas seulement dans le monde des affaires), tel est mon objectif avec cette nouvelle catégorie de billets. Les questions seront souvent identiques (ou semblables) ce qui devrait permettre de comparer les réponses et de mieux réfléchir. Elles évolueront.

GrandCentral , une start-up de la Silicon Valley dont un des fondateurs est français et qui vient d’être rachetée par Google permet de démarrer en beauté. 

Vincent Paquet en est le co-fondateur et le patron opérationnel, ce qu’on appelle ici Chief Operating Officer. Il a étudié le business à Reims et en Angleterre avant de bosser pour l’IFA (à Amsterdam et Los Angeles) puis pour Yahoo. Vous en saurez un peu plus sur lui en allant là et, sur GrandCentral en lisant ce billet et  celui-ci .

vincentpaquet-flickr-duncandavidson.1184823395.jpg Q – GrandCentral c’est quoi?

V.P. – GrandCentral, c’est une interface unique de gestion de toutes vos communications. Cela commence par un numéro de téléphone unique, qui peut sonner plusieurs de vos téléphones, en fonction de qui appelle. C’est aussi une boite vocale unique qui vous permet d’accéder a vos messages depuis le web et enfin une kyrielle de services complémentaires qui fonctionnent de la même manière pour tous vos téléphones.

Q – Qu’est-ce qui a séduit Google dans ce que vous faites, et d’où vous est venue l’idée?

V.P. – Craig [Walker, l’autre fondateur et CEO] et moi étions convaincus que la voix sur IP avait de nombreuses applications au delà des appels à bas prix. Nous sommes partis d’une feuille blanche en imaginant le service de communication idéal du point de vue de l’utilisateur. Le résultat est un service de communication lié à l’utilisateur et non a un combiné ou à un endroit, un service qui fonctionne de la même manière quels que soient les operateurs utilisés. Nous organisons en quelque sorte l’ensemble de vos communications, ce qui rentre dans la mission de Google d’organiser les informations.

Q – Quelle a été le plus grand obstacle pour sa réalisation et comment l’avez-vous résolu?

V.P. – Trouver de la main d’œuvre compétente. La Silicon Valley est probablement un des marchés les plus compétitifs du monde pour la main d’œuvre qualifiée et en tant que start-up, il faut se battre pour attirer des gens compétents et pour les garder. Nous avons eu la chance de trouver un CTO [Chief Technology Officer] hors du commun, qui est venu avec une équipe, mais nous avons du aller dénicher certains de nos employés jusqu’en Floride !

Q – Quelle est l’erreur la plus grave que vous ayez commise et qu’en avez-vous appris?

V.P. – Nos erreurs les plus graves sont aussi liées à la main d’œuvre. Nous avons commis quelques erreurs de recrutement et tardés à les réparer. La leçon que nous en avons tirée, c’est que quand une nouvelle recrue ne rentre visiblement pas « dans le moule », c’est malheureusement une perte de temps et d’efforts que de s’évertuer a essayer de fixer le problème a tout prix. Ca ne veut pas dire que l’employé en question est incompétent ou que nous sommes sans âme, mais simplement que ce n’est pas la bonne connexion. Ça arrive, il est statistiquement improbable d’effectuer 100% d’embauches  satisfaisantes, et le plus tôt on en tire les conséquences, le mieux pour tout le monde : les employés en questions ont tous retrouvés du travail en moins d’un mois et nous avons évité les conséquences néfastes d’une embauche insatisfaisante pour le moral d’une petite équipe.

Q – Quelle était votre idée de la réussite quand vous avez lancé la boîte? Êtes-vous satisfait?

V.P. – Je pense que nous étions très idéalistes et nous étions persuadés depuis le début que nous pouvions améliorer la manière dont chacun utilise ses services téléphoniques. On se rend compte de l’ampleur de la tache au quotidien, mais, peut-être naïvement, nous n’avons jamais douté que nous aboutirions. L’acquisition par Google nous renforce dans nos convictions, mais nous sommes encore loin d’avoir abouti, donc rendez-vous dans quelques années pour en juger.

Q – Qu’est-ce que ça veut dire « entreprendre »,  pour toi, qu’est-ce qui te motive?

V.P. – Je crois qu’il y a quelque part une envie de prendre un certain contrôle sur son propre destin. Être content d’aller travailler le matin et rentrer le soir en ayant l’impression d’avoir avancé. Être capable de décider vite, en petite équipe, et de mettre en œuvre immédiatement, ou de changer de cap aussi rapidement quand on se rend compte qu’on s’est trompé. Créer un business depuis zéro est aussi une expérience dans laquelle on est tellement investi personnellement que cela rend les décisions plus faciles à prendre.

[Photo Flickr de duncandavidson ]

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...