Web 3.0, pour Tim O’Reilly qui a lancé l’expression web 2.0, pourrait fort bien inclure une dimension d’intelligence artificielle créée à partir de l’immense quantité de données que nous mettons en ligne comme il l’a expliqué dans un entretien dont j’ai donné un fragment hier (voir aussi ce billet ).

Voici la suite:

« Une autre dimension, liée à la première est que l’information viendra de plus en plus de « sensors » (détecteurs, palpeurs). Le clavier en est un, bien évidemment, mais nous allons générer d’énormes quantités d’information au moyen d’autres sensors. Les entreprises trouveront le moyen d’en tirer parti ce qui pourrait conduire à un type radicalement nouveau d’applications et de structures de pouvoir.

« Comme exemple, je peux donner le cas d’entreprises d’assurances basées en Grande Bretagne. Les polices sont traditionnellement calculées en fonction de l’endroit où vivent les gens. Maintenant [grâce aux caméras et aux sensors] elles savent que vous conduisez – vite – dans le centre de Londres. Peu importe où vous habitez. Elles vont vous faire payer plus.

« La troisième dimension est la confluence des jeux online, des mondes virtuels et de la fabrication. Ça a l’air un peu tiré par les cheveux mais… j’aime bien citer cette phrase merveilleuse: « le futur est déjà là mais il n’est pas encore distribué équitablement. » Additionnés, ces trois éléments donneront quelque chose de très différent.

« Il suffit par exemple de voir l’usage que les gens font de Sketch Up sur Google Earth et de regarder ce qu’ils dessinent sur Second Life ou dans World of Warcraft, puis d’établir un lien avec toute la révolution « FAB » [le fait de pouvoir fabriquer des objets avec son ordinateur à partir de données numériques transmises et modifiées online]. Neil [Gershenfeld , auteur d’un livre sur le sujet: Fab, The Coming Revolution on Your Desktop – From Personal Computers to Personal Fabrication] a raison quand il dit que nous en sommes dans ce domaine au point où nous en étions en 1980 en matière de « desktop publishing ».

« Je crois que nous allons entrer dans un monde de fabrication personnelle dans les 5 ou 10 années qui viennent. On verra aussi la version 3D de MySpace. Il ne s’agira plus seulement de jeux mais d’espaces. Second Life est encore petit, mais c’est un concept très puissant, celui de l’idée de lieu.

« Electric Sheep est le plus grand promoteur immobilier sur Second Life. Ils n’ont pas de bureaux dans le monde réel. Leurs employés se trouvent dans différentes villes et quand on veut les rencontrer, s’adresser à la compagnie, on le fait sur Second Life. Leurs bureaux se trouvent sur Sheep Island où il y a presque toujours quelqu’un. Je crois que nous allons voir ce genre d’évolution (shift) où les gens vivent de plus en plus online. »

Cet entretien, comme je l’avais précisé hier, date d’il y a quelques mois. Dans un billet très récent sur le sujet Tim O’Reilly reprend une partie de ces considérations. Il insiste sur ce qui est l’essentiel à ses yeux: la notion de discontinuité qui justifie qu’on ait besoin d’un autre terme pour parler d’une autre réalité.

« Quelque chose est en train de mijoter. C’est évident. Mais on ne le qualifiera pas de web 3.0. Et il est de plus en plus vraisemblable que ça sera beaucoup plus amble et plus omniprésent que le web, à mesure que la technologie mobile, les senseurs, la reconnaissance de la parole et bien d’autres nouvelles technologies nous donneront une informatique bien plus « ambiante » qu’elle ne l’est aujourd’hui ».

L’ajout de la mobilité et de l’omniprésence de ces technologies connectées me semblent des éléments essentiels. Nous risquons de devoir trouver un autre terme…

Des idées?…

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...