Que doit-on savoir et comprendre du web, de l’internet, des réseaux et des médias en ce début de XXI ème siècle? Quels outils, quelles logiques, quels mode de pensée et d’organisation les hommes et les femmes d’aujourd’hui doivent-ils maîtriser pour se sentir à l’aise?

La question a-t-elle un sens ou, comme le pensent certains, suffit-il d’attendre la mort des derniers vieux barbons du papier et de la plume d’oie pour atteindre enfin une sorte de nirvana numérique collectif?

Telle est la question que j’ai commencé à poser au début du mois de septembre (voir ce billet et celui-ci ) en ouvrant une discussion sur la « digital literacy ».

Je rebondis maintenant en m’appuyant sur un texte d’Henry Jenkins – auteur du livre Convergence Culture (voir ce billet et celui-ci ) et d’un blog passionnant – intitulé Confronting the Challenges of Participatory Culture: Media Education for the 21st Century .

Il y aborde le problème en trois temps en commençant par l’importance croissante des « cultures de participation ». Plus de la moitié des adolescents étatsuniens ont mis du contenu en ligne et plus d’un tiers l’ont partagé avec d’autres. C’est un début mais ça ne suffit pas.

« Une culture de participation, » explique-t-il, « est une culture dans laquelle les critères d’expression artistique et d’engagement civique sont relativement bas ce qui encourage à créer et à participer […]. C’est également une culture dans laquelle ceux qui s’en réclament considèrent que leurs contributions comptent et sentent un certain degré de connexions sociales entre eux (au moins dans la mesure où ils attachent de l’importance à ce que les autres pensent de ce qu’ils ont créé. »

La tentation est de croire que les jeunes font tout cela naturellement, ce qui justifierait qu’on ne fit aucun effort pour les former.

Jenkins, au contraire, avance trois raisons pour lesquelles il faut s’intéresser activement à leur formation: tous les jeunes n’ont pas les mêmes opportunités de participation (en clair, la « fracture » ne disparaît pas quand on a résolu la question de l’accès); il serait bon qu’ils comprennent comment les médias affectent leurs perceptions du monde. Il est enfin essentiel de les préparer pour qu’ils jouent un rôle social actif.

Jenkins, qui a préparé ce « white palper » avec l’aide d’une poignée de collaborateurs, avance ensuite une série de compétences et de capacités nécessaires: rechercher la solution des problèmes comme on le ferait dans un jeu; créer des simulations et des modèles dynamiques de représentation du monde; s’approprier les contenus digitaux et les utiliser en les mixant avec d’autres; travailler collectivement pour augmenter ses capacités cognitives et contribuer à l’intelligence collective; apprécier la valeur et la crédibilité des multiples sources que l’on trouve sur le web; créer des réseaux; suivre des histoires qui se racontent sur plusieurs médias à la fois (transmedia) négocier avec les différentes communautés par lesquelles ils/elles passent.

« Un des objectifs centraux de ce rapport, » précise-t-il, c’est de déplacer l’axe de la conversation sur la fracture numérique des questions technologiques liées à l’accès vers celles qui se réfèrent aux opportunités de participer et de développer les compétences culturelles ainsi que les savoir-faire sociaux nécessaires pour s’impliquer pleinement. »

J’ajouterai seulement qu’il n’y a aucune raison pour réserver cette formation aux enfants déjà plus avancés que nombre d’adultes. Si nous ne voulons pas attendre que le dernier des « digital immigrants » (ceux qui ne sont pas nés avec un ordinateur dans leur environnement proche) ne meure pour mieux intégrer les nouveaux médias et les cultures de participation dans nos vies, nous avons tout intérêt à tout faire pour encourager les compétences digitales des plus âgés… c’est-à-dire de nous tous.

Qu’en pensez-vous?

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...