lapd-photo_munki_deluxe.1206946277.jpg Noter le flic qui vient de vous filer un PV ou d’aider une vieille dame à traverser la rue, c’est ce que permet de faire RateMyCop , un nouveau site basé à Los Angeles.

Lancé au début du mois par Rebecca Costell et par Gino Sesto, il réunit les noms de 140.000 officiers de police presque partout dans le pays. Il permet aux usagers qui s’inscrivent et laissent leur adresse courriel de noter – entre 1 et 5 – les agents auxquels ils ont affaire. La note moyenne pour le moment est de 3,7 ce qui n’est pas si mal.

Des sites de ce genre existent déjà pour noter, entre autres, les articles de la grande presse et donc les journalistes qui les ont écrits (Newstrust , une entreprise remarquable), les médecins (RateMDs ) ou les professeurs (RateMyProfessors ) qui d’ailleurs se sont maintenant dotés des moyens de répondre (ProfessorsStrikeBack ).

Mais s’attaquer à l’autorité publique, même quand elle invoque la transparence (nous parlons des États-Unis ici et en particulier du LAPD – voir cet édito du L.A. Times ) est une autre paire de menottes.

RateMyCop a rapidement été fermé par les deux premières entreprises qui l’avaient hébergé (GoDaddy et Rackspace). Différents porte paroles de la profession ont protesté au nom de la sécurité des officiers (mais tous les noms publiés sont du domaine public, souvent fournis par les services de police eux-mêmes) et parce qu’ils se retrouvent « sans défense » face à leurs critiques.

Un professeur de droit bien pensant a manifesté sa peur de voir une telle pratique limiter les contacts entre les policiers et la population, un drame puisque « on veut que la police ait ce genre de rapports pour enquêter et pour élucider les crimes ».

Il s’agit en fait d’une application à une profession comme les autres de la mécanique essentielle du web participatif.

Dan Gillmor dans son livre We the Media (téléchargeable ici et voir ces billets ) a montré comment l’information qui y circule de la périphérie vers le centre change les rapports de pouvoir.

Jamais Cascio parle depuis longtemps des vertus du panoptique inversé : au lieu qu’un seul gardien de prison puisse observer un grand nombre de détenus comme l’avait rappelé Michel Foucault, les gens peuvent observer en permanence ceux qui les surveillent et ceux qui les punissent (voir ces billets ).

Alors pourquoi pas les flics?

Le fait qu’ils ont le droit d’utiliser la violence semblerait même justifier qu’ils soient les premiers (parmi les premiers…) à opérer sous l’œil de la population qu’ils surveillent. Y a-t-il une meilleure façon de les protéger des erreurs des mauvais éléments que l’on trouve dans tout groupe humain?

Connaissez-vous des initiatives de ce genre en France? Aimeriez-vous qu’il y en ait?

[Photo FLickr de Photo Munki Deluxe ]

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...