Par Julien Genestouxjuliengenestoux.1209364059.png

Les acteurs du web 2.0 sont cohérents: pour eux, la dernière (r)évolution du net, c’est avant tout celle de la communauté, celle du réseau -social?- comme plate-forme. Ils mettent cela à profit en se rassemblant physiquement une bonne dizaine de fois par an pour tisser des relations, évaluer les dernières innovations ou imaginer les concepts de demain. L’une des plus importantes est la Web 2.0 Expo qui se tient à San Francisco en avril.

La visite du salon commence forcément par une déambulation parmi les exposants . On est pourtant vite déçus de voir de très grosses écuries, pas forcément très web : IBM, Disney, Intel s’accaparer les plus gros stands. D’ailleurs, ce qui marque sans doute encore plus, c’est l’absence -ou la discrète présence- des noms du web 2.0 les plus évocateurs : Facebook, Twitter, FlickR, Zillow, LinkedIn… ou même des traditionnels géants de l’internet : Google, Yahoo, Ebay.

La Keynote d’ouverture de Tim O’Reilly reste un moment fort et l’audience attend ses encouragements d’évangéliste en ce début de crise économique. La très jeune industrie du web semble craindre fortement la période qui s’annonce: on trouve d’ailleurs plus de workshops sur le thème « développez votre start-up » que sur le thème « lancez-vous ». Tout l’exposé d’O’Reilly consiste à montrer que le web2.0 n’est pas « fini », qu’il y a malgré tout encore beaucoup à faire et de la place à prendre pour ceux qui voudront se lancer.

Les données ne sont pas encore toutes exploitées.

O’Reilly estime d’abord que l’avènement du web2.0 passe par la restitution des données collectées par l’entreprise à ses clients. Il cite par exemple Wesabe qui « analyse » les dépenses de milliers d’utilisateurs pour observer que tel commerçant voit revenir ses clients bien plus souvent que son concurrent. Il y a encore des collections immenses de données inexploitées dans les entreprises, dont le sens n’a pas été découvert : la construction d’une intelligence collective n’est alors pas possible.

Le web n’est pas encore interconnecté.

Tant que l’internet ne sera pas un seul et unique « ordinateur », le « Cloud », comme O’Reilly l’appelle, les possibilités du web2.0 n’auront pas été entièrement exploitées. Cet ordinateur sera d’autant plus performant et puissant que tous les services seront interconnectés, construits les uns autour des autres, pour mieux exploiter l’intelligence collective. Cela passe evidement par la mise à disposition d’APIs, de protocoles d’échanges entres applications, mais aussi par la virtualisation des ressources elles-mêmes, comme le propose Amazon avec EC2 , ou Google avec App Engine .

Le web n’est pas encore « ambiant ».

Pour O’Reilly, l’ultime étape est celle de l’omniprésence de l’internet, ce qu’il appelle « Ambient Computing ». Au delà des services internet qui ne sont pas encore connectés entre eux, il existe des milliers de systèmes de traitement de l’information qui ne sont pas eux-même reliés à l’internet et qui ne peuvent donc pas en exploiter l’intelligence. Il évoque à titre d’exemple le Dash , ce GPS couplé à un téléphone qui permet d’obtenir -et d’émettre- des informations bien plus précises sur la qualité du trafic, ou encore le « Quake-catcher Network  » qui veut utiliser les détecteurs de mouvements de millions d’ordinateurs pour détecter les tremblements de terre.

En conclusion, Tim O’Reilly a demandé à ses auditeurs de ne pas se fier aux titres pessimistes des journaux, et de s’attaquer aux « vrais problèmes » que le web 2.0 peut traiter. On a pourtant du mal à oublier que les turbulences, la réduction des investissements et les remises en question des modèles économiques vont devoir pousser les sociétés du Web 2.0 vers la maturité… ou la porte, 1.0 celle-ci.

Le CEO de Sun Microsystems, Jonathan Schwartz , qui fut pourtant l’un des plus fervents défenseurs et promoteurs des blogs comme outils de management, annonce maintenant leur disparition en tant que tels. Ils sont devenus, selon lui, un simple outil de communication en passe de devenir un anachronisme, symbole du fait que le Web 2.0 est bien en train de « se diluer » dans le « web traditionnel », à moins que O’Reilly ait vu juste et que les blogs eux-mêmes soient devenus ambiants: tellement présents qu’on les oublie.

On l’aura compris l’ambiance à Web 2.0 Expo était partagée; ceux qui refroidissent l’atmosphère ne sont-ils pas ceux qui aimeraient contenir l’évolution du Web 2.0? Et ceux qui croient que tout commence ne sont-ils pas, eux, comme les musiciens du Titanic?

Julien Genestoux était à la Web 2.0 Expo. Il est entrepreneur -une fois pour l’instant- avec http://www.jobetudiant.net, un site d’emploi pour étudiants en France (il a 25 ans). Il est à San Francisco depuis 16 mois, d’abord au sein d’une équipe de BNP Paribas… puis de l’Atelier. Il est en train de créer une seconde boite, Californienne celle-ci. Il parle de sa vie d’entrepreneur, de ses projets web 2.0 sur son blog … Ouvre-boîte…

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...