Les médias traditionnels et les journalistes qui les font nous rabâchent qu’ils font moins d’erreurs que les blogueurs. La recette est simple: relecture et correction par un ou plusieurs tiers. C’est ce qu’on appelle en anglais « the editing process ».

Juste. Et comme tous les blogueurs-journalistes je regrette souvent de n’avoir personne pour me signaler à temps faiblesses et erreurs… qui ne manquent pas. J’aurais l’air moins bête comme le dit le blogueurissime Robert Scoble dans un billet récent intitulé « The blog editing system in action » .

Il y explique en détail comment une personne mécontente de la façon dont il avait rendu compte de l’entretien qu’elle lui avait accordé avait pu remettre les choses à leur place tout de suite dans un long commentaire. Direct, visible et immédiat.

Ceux qui ont suivi mes cafouillages à propos du lancement de Firefox 3 ont pu constater l’efficacité du système de relecture et de correction par les lecteurs.

L’histoire ne s’arrête pas là.

La relecture par des tiers est une bonne chose mais elle n’est pas une garantie absolue comme le montrent les graves erreurs régulièrement commises par les médias traditionnels (et maintenant dénoncées par les blogueurs).

Le processus n’est pas en place avec la même rigueur partout. Il fonctionne mieux dans les magazines que dans les quotidiens, pour des raisons évidentes. On oublie de dire qu’il est assez rigoureux dans les plus grands médias américains et particulièrement laxiste dans la pratique de bien des salles de rédaction européennes où l’on compte volontiers sur les connaissances du chef de section ou du secrétaire de rédaction mais où la double vérification des faits est encore rare.

Le plus important peut-être c’est que la correction par les lecteurs, telle qu’elle a lieu sur les blogs, est toujours plus rapide, plus visible et souvent plus efficace que celle exercée par les professionnels. Elle a l’inconvénient d’opérer après-coup mais elle figure à côté (en dessous dans la plupart des cas) de l’original auquel elle reste accolée.

La faiblesse de ce dispositif c’est que de telles corrections n’ont lieu qu’après publication du billet.

Ce serait un drame sur le papier qui n’est lu qu’une fois.

Il en va tout autrement du web. Le billet contenant une erreur de ma part sera en fait lu beaucoup plus de fois après que les corrections aient été apportées qu’avant.

Personne ne lit les commentaires, diront les plus têtus. C’est vrai surtout pour les gens qui n’ont pas encore développé une pratique et une culture suffisantes du web.

Nous sommes nombreux à dire que les commentaires sont au moins aussi intéressants et riches que les billets leur ayant servi de prétexte. Ils sont aussi la meilleure garantie que les erreurs du blogueur ou du journaliste-blogueur seront vite révélées.

La blogalaxie fourmille d’erreurs mais elle a ses mécanismes pour les corriger. A nous de les comprendre et de nous en servir.

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...