J’ai profité de mon récent séjour au Mexique pour interviewer le Dr Roberto Tapia-Conyert, directeur exécutif de l’Institut Carso de la Santé (financé par la fondation de Carlos Slim, l’homme le plus riche du Mexique) sur la façon dont il utilise la téléphonie mobile pour contribuer à améliorer la santé des Mexicains.

Le programme invite les patients à s’abonner à un double service gratuit. Ils peuvent d’une part enregistrer des données concernant leur état et, d’autre part, recevoir des textos leur rappelant quand ils doivent prendre leurs médicaments, se peser, faire des analyses par exemple.

Ceux qui se sentent exposés à des risques cardiaques enregistrent une première fois leur poids, leur tension artérielle et leur niveau de cholestérol, entre autres. Ils reçoivent chaque semaine des conseils en matière de nutrition et d’exercices. Tous les trois mois ils doivent reprendre les mesures en question ce qui permet à un programme de le comparer à une base de données indiquant à quel niveau de risque ils se situent et, éventuellement, les progrès réalisés.

Cela se fait sans intervention médicale mais Tapia-Conyert est convaincu que ce système bidirectionnel permet de « sensibiliser les gens et de les aider à commencer à comprendre qu’ils peuvent modifier les risques qu’ils encourent ». Dans le cas du diabète et du VIH-Sida, le même type de service permet aussi de rappeler aux patients quand prendre leurs médicaments. Un rôle essentiel dans la mesure où l’oubli est un des problèmes les plus sérieux.

Les patients peuvent ainsi abonner leurs parents et/ou amis au même service pour les tenir au courant.

Un des aspects les plus importants aux yeux du Dr. Tapia-Conyert c’est que « nous donnons le pouvoir au patient. Nous renforçons sa capacité de décider en lui permettant de mettre l’information en ligne, d’alimenter la base de données et de recevoir les informations le concernant sans passer par le médecin » qui peut cependant, si le patient le souhaite, être inclus dans la boucle.

Toute l’astuce consiste à tirer parti de l’infrastructure existence sans attendre la mise en place d’une médecine à distance (télémédecine) qui n’est pas pour demain.

21% des Mexicains ont accès à l’internet. Mais le pays compte avec 73,5 millions de lignes mobiles pour une population de 109 millions d’habitants.

Une partie essentielle du projet consiste à mettre au point un système à faible coût susceptible d’être mis en place dans d’autres pays d’Amérique Latine ou du monde dans lesquels l’infrastructure médicale est faible et la téléphonie mobile répandue.

Vous connaissez sans doute d’autres expériences comparables. N’hésitez pas à nous en faire part.

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...