proobamaactivistfloridapeasesign.1226657869.jpg Obama (j’ai pas vraiment l’intention de l’appeler «Monsieur le Président» ou «Monsieur le Président élu»…) a réussi deux très jolis coups:

– laisser suffisamment d’autonomie à ses sympathisants pour qu’ils se sentent maîtres de leurs actions, tout en leur transmettant son message et en les poussant à agir dans le sens de sa stratégie d’ensemble;

– transformer la sympathie qu’il est si facile de manifester online (ne suffit-il pas d’un clic) en mobilisation réelle dans le monde physique y compris le jour des élections.

Le premier fait partie des règles de fonctionnement des réseaux et tient à sa capacité de «tenir» ceux qui le soutiennent grâce aux récits, aux histoires (aux «stories») qu’il raconte. Il suffit de voir ce qu’en disent Ronfeldt et Arquilla , ceux-là même qui m’avaient dit une fois que dans la guerre en réseau (Netwar) « c’est celui qui raconte la meilleure histoire qui gagne, pas celui qui a la plus grosse bombe et des moyens de la lancer ».

Le second est sans doute le domaine dans lequel il a le plus innové, celui qui nous marquera le plus.

La façon dont il a gagné la Floride (État républicain depuis longtemps) permet de se faire une idée plus précise de sa façon d’opérer que le Miami Herald raconte avec beaucoup de détails. En voici quelques uns:

Un travail de fond a permis d’enregistrer 200.000 nouveaux électeurs, d’ouvrir 50 bureaux et de recruter 600.000 volontaires qui ont bénéficié de 40 Millions de dollars dans cet état.

Près de 1.500 groupes se sont formés plus ou moins librement et ont organisé leurs propres activités.

Des milliers de volontaires sont passés par des camps de formation où on leur a montré comment raconter des histoires émouvantes… comme le fait Obama.

Le premier novembre, Obama s’est entretenu directement avec eux – et quelques milliers d’autres – lors un appel collectif au cours duquel il les a encouragé et demandé de redoubler d’efforts… «nous aurons le temps de dormir après» aurait-il dit.

Dans la nuit du 4 au 5 il a remercié ses troupes par email avant de prononcer son discours de victoire.

Selon une militante il est arrivé à «transformer les conversations en relations». Même les spécialistes du marketing se grattent la tête et voudraient bien savoir comment il a fait.

Tout cela, il ne faut pas l’oublier, n’a pas «fait la campagne» mais s’insèrre dans une stratégie d’ensemble dont tout le monde s’accorde qu’elle a été la meilleure des cinquantes dernières années. Les TIC ont été mises au service d’une vision plus large et ça devrait toujours être comme ça. Nous aurons souvent l’occasion d’en reparler dans les années qui viennent.

Mais nous sommes déjà dans la transition vers l’entrée en fonction et, dès le lendemain de son élection Obama a montré qu’il entendati continuer à utiliser les technologies de l’information mais, cette fois, pour gouverner.

Premier pas: il a créé un site Change.gov (Changement.gouv serait la traduction littérale) où il invite les gens à raconter leurs histoires et à poser leur candidature aux postes qui se sont ouverts). Ça n’est pas un mauvais début. Voyons comment il s’en sert.

Vous y croyez-vous au gouvernement «du bas vers le haut» dont certains rêvent?

[Photo Flickr de Danny.Hammontree ]

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...