Le Media Technology Summit organisé par l’école de journalisme de l’Université de Californie-Berkeley dans les locaux de Google s’est révélé être une super conférence (liens utiles en fin de billet).

Malgré la crise économique et les problèmes structurels des médias on assiste à un foisonnement de recherches, d’expérimentations et de réflexions qui permettent d’entrevoir un futur plus engageant qu’on ne pourrait croire.

Il se situe sans doute sous le signe de l’hybridité, la meilleure réponse en temps de transition puisqu’elle permet de chercher dans plusieurs directions à la fois. Elle se manifeste au moins dans trois domaines: articles (stories), modèles d’affaires et production de nouvelles.

L’utilisation des données comme partie intégrante du journalisme montre le bout de son nez. Nous en avons eu une brillante démonstration avec le projet OpenCalais . Un des morceaux du puzzle « web sémantique », cette technologie (mise au point par Reuters) prolonge la vie des articles en traduisant les textes en métadonnées (personnes, lieux, dates, etc.), c’est à dire en élément que les ordinateurs peuvent lire. En termes simples cela transforme les histoires que nous racontons en « faits », en éléments que les bases de données peuvent utiliser.

A cela il faut ajouter la notion avancée par Richard Gingras, patron de Salon.com pour qui « l’article n’est plus le produit final du journalisme, c’est la page de topics« . C’est la preuve que nous passons d’un produit à un processus et cela requiert, d’une façon ou d’une autre, une jolie collaboration entre algorithmes et journalistes.

Côté business, si tout le monde est d’accord pour dire que le modèle traditionnel est « cassé », personne n’a encore trouvé la martingale qui permettra de financer le journalisme du XXIème siècle. Alors chacun y va de son élément de solution et tous reconnaissent qu’ils devront essayer différents bouquets.

La publicité sur le web continue à croître mais elle est répartie en tant de supports que son impact pour chacun d’entre eux a peu de chance d’être suffisant.

Marshall Van Alstyne de Boston University a bordé sur la notion de « Freemium » (une partie gratis pour une partie premium payante) en expliquant bien qu’il faut « donner ce qu’on ne peut pas posséder » – les faits – et amener les utilisateurs « aux choses que l’on peut posséder »: la façon de les mettre en valeur. Exemple: il est impossible de faire payer les informations sur le résultat des élections américaines, mais le New York Times pourrait faire payer ses cartes interactives .

Faute de business model clair, beaucoup s’intéressent aux entreprises à but non lucratif. C’est possible (surtout aux États-Unis où la loi est favorable) mais cela ne peut être qu’une partie de la solution, selon John Thornton qui s’apprête à lancer le Texas Tribune sur ce modèle là et se dit convaincu que « la philanthropie peut combler une partie du vide »… une partie seulement.

Moins d’un an après que Barack Obama ait démontré qu’on peut réunir des sommes colossales sur le web à partir de modestes contributions, tout le monde pense à solliciter les utilisateurs. C’est possible comme le montre la radio NPR, mais Ellen Weiss, qui en est vice-présidente, rappelle qu’il faut « 5 ans pour transformer un utilisateur en membre payant ». Très lent.

Le troisième métissage est le fruit de la collaboration entre l’ex-audience et les journalistes. De plus en plus de médias s’y lancent. C’est le cas, par exemple de True/Slant comme de la relation entre iReport et CNN ou de MissionLocal , le travail réalisé par des étudiants en journalisme de Berkeley dans le quartier de la Mission à San Francisco.

Mon seul regret c’est que si on nous a montré différents sites sur lesquels l’information est élaborée par les utilisateurs en collaboration avec des journalistes (LePost.fr a été mentionné) personne ne nous a dit les difficultés (ni l’intérêt) d’une telle entreprise, ni comment cela se fait concrètement.

Au total j’ai trouvé encourageante cette acceptation des solutions mixtes car elle montre à la fois que les expériences se multiplient tous azimuts et que les esprits s’ouvrent.J’ai tweeté les idées essentielles et vous pouvez les retrouver sur @transnets .

Les présentations seront sur SlideShare .

Couverture live du premier jour et du deuxième jour .

Blog d’Alan Mutter , organisateur de la conférence.

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...