networkflowers-dsevilla.1254732027.jpg Voilà une question qui me chatouille depuis longtemps et sur laquelle je n’ai pas les idées claires… c’est pas un bon début de billet ça? ;-): quelle attitude le freelance, le franc-tireur, l’électron libre doit-il avoir face aux réseaux, à leur multiplication, à leur potentiel perturbateur face aux institutions, à leur efficacité accrue, etc.?

N’ayant pratiquement jamais appartenu (je parle de boulot entre autres) à une hiérarchie (toujours pigiste le pauvre) j’assume philosophiquement ma position d’indépendant (dans la mesure où c’est possible).

Face aux hiérarchies c’est facile: dedans on leur « appartient » (en échange de quoi elles avaient l’habitude de vous protéger… jusqu’à un certain point). Dehors on fait ce qu’on veut (mais on gagne moins). Mon choix me pèse parfois mais je ne l’ai jamais regretté. Il est la garantie de ma liberté de pensée ou, en tous cas, sa condition d’existence.

Mais voilà que les réseaux sont partout. Au lieu d’appartenir, on est connecté. Le « nous » n’a plus le même poids, ni le même sens. Le contrôle tend à disparaître. Ceux qui veulent du pouvoir doivent renoncer à donner des ordres et nous convaincre par la qualité de leur verbe. « Ça n’est pas celui qui a la plus grosse qui l’emportera mais celui qui raconte la meilleure histoire » dit John Arquilla , théoricien de la guerre en réseaux (netwar).

Les réseaux diffèrent des institutions. Ils sont liquides. On peut y être pour moins de temps et y poursuivre des objectifs plus limités.

Voilà qui change tout.

Alors le franc-tireur que je suis commence par se dire que les réseaux c’est génial et que c’est la réponse à tout (l’innocent).

Puis il se rend compte que dans les réseaux les pouvoirs s’organisent différemment mais sont bien présents. Le fait de pouvoir en sortir à tout moment change beaucoup de choses… mais est-ce suffisant?

Une des questions qui me tracassent le plus est l’importance du consensus dans leur fonctionnement. Nous avons tendance, en effet, à nous connecter (et à écouter) des gens qui nous ressemblent . Quel est le statut, dans un réseau, de la différence, du désaccord, du conflit?

Il y a, dans la théorie des réseaux, un lieu fascinant que l’on appelle « structural hole  » (traduction?). L’occuper permet de relier deux réseaux alors même qu’on peut se trouver à la périphérie de chacun d’entre eux. Intéressant.

Compliqué tout ça. J’aimerais bien savoir comment vous voyez la question de la relation entre le freelance et le réseau…

[Photo FFlickr de dsevilla ]

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...