Récession oblige, les freelance (autonomes, indépendants, francs-tireurs) sont à la mode. Se mettre à son compte et travailler seul est en effet une des solutions les plus attrayantes pour tous ceux qui perdent leur emploi.

Cela vient en fait renforcer un mouvement – une « prise de conscience » serait peut-être plus juste – lancé en 1997 par un article (suivi d’un livre) de David Pink: « Free Agent Nation « . L’idée était simple: un Américain sur 6 travaille déjà de façon autonome. La technologie renforce cette tendance alors qu’au plan social le contrat qui voulait que nous soyons loyaux à nos employeurs en raison de la sécurité qu’ils nous fournissaient est rompu par ces derniers. Il s’agit d’un basculement social de fond.

La récession ne fait que renforcer cette tendance manifeste depuis plus de 10 ans. Mais Gina Trapani (dont j’ai parlé dans mon précédent billet sur Google Wave … d’où l’intérêt du ricochet ) ajoute un élément quand elle dit que « l’esprit freelance » peut être utile à tout le monde en ces temps de crise, en particulier à ceux qui se battent pour ne pas perdre leur boulot.

Les indépendants savent mettre le pied dans la porte, forcer les autres à les entendre (sans quoi ils ne feraient pas grand chose). Ils ont une conscience très claire de ce que veut dire chaque minute de leur temps (leur gagne-pain en dépend). Ils mettent en jeu leur réputation dans chaque boulot, dans chaque contrat. Ils ne travaillent pas que pour l’argent. Pink insiste sur la dimension ludique du travail des indépendants, Trapani sur le fait qu’ils acceptent aussi des boulots parce qu’ils sont intéressants, parce qu’ils ouvrent de nouvelles perspectives ou permettent de se connecter à de nouveaux réseaux.

Le « networking » est essentiel pour les freelances rappelle Trapani. N’appartenant pas à des institutions, ils se connectent à des groupes ouverts et es réseaux sociaux fonctionnent comme des outils essentiels pour tous ceux qui ne veulent pas perdre la dimension collective.

Certains autonomes, cependant, choisissent ce statut pour des raisons presque philosophiques, existentielles et pas seulement parce que la technologie leur facilite cette vie. Plus ouverts, en principe, que les institutions, les réseaux se présentent comme des cadres collectifs plus acceptables. Mais la tendance actuelle qui consiste à vouloir tout transformer en « communauté » fait que, pour certains d’entre eux en tous cas, l’intégration, la participation à des réseaux sociaux ne soit pas si évidente qu’on ne semble croire.

Je n’ai fait que lancer le sujet dans ce billet mais c’est, vous l’avez compris, une question que je me pose et qui me touche de près. Je suis curieux de savoir ce que vous en pensez.

[Photo Flickr de Chris Koerner ]

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...