Il y a même des gens qui voudraient améliorer les dialogues entre Arabes et Occidentaux et qui croient que les technologies de l’information peuvent aider. Dans cet esprit, ils ont créé Meedan , un site de traduction automatique assistée: le texte est d’abord passé à la machine. Ce qui en ressort est ensuite vérifié et amélioré par des traducteurs professionnels ou volontaires.

Dans la logique de Wikipedia, toute personne inscrite sur le site peut modifier une traduction et l’histoire de chaque texte est conservée pour retrouver les modifications et qui les a apportées.

Les Arabes avaient déjà mis en œuvre vers le VIIIème siècle une idée comparable : faire traduire des milliers d’ouvrages pour améliorer leur compréhension de tous ceux qui avaient écrit avant eux.

Plus important encore que les articles, les commentaires sont eux aussi traduits. Vous pouvez dire, en anglais, ce que vous pensez d’un sujet (les mariages d’enfants, par exemple) et être lu en arabe par des Saoudiens, dont vous découvrirez que leurs réactions peuvent être tout aussi critiques que les vôtres.

Ed Bice, le fondateur, aime à dire qu’il voudrait « aider un habitant du Nebraska voir un évènement avec les yeux d’un habitant de Naplouse ». La traduction est, en fait, selon lui « une aventure sociale » (a social pursuit). Et le sens de Meedan tient plus aux communautés dont il aspire à faciliter les créations qu’au continu qu’il publie:  » It’s not a content project, it’s a community project. »

La plupart des articles (je vous conseille entre autres celui de Wired , celui du britannique Journalism, et celui d’un des blogueurs d’Al Jazeera ) soulignent qu’il s’agit de promouvoir la bonne entente entre les peuples. Une intention louable mais sans doute difficile à matérialiser à court terme entre Arabes et occidentaux. Bice lui-même dit du dialogue transculturel que « c’est un défi que je ne sous estime pas ».

Passionné par l’usage social des données, il espère, par contre que réunir qu’en réunir sur les populations qui se parlent « devrait aider à mieux définir les racines des désaccords en relation avec des facteurs comme le lieu d’origine, le langage, les réseaux sociaux auxquels elles sont connectées et d’autres traces du même genre que Meedan est capable de capturer. » La même démarche pouvant être suivie, bien sûr, en cas d’accord.

Il trouve que le projet serait utile s’il permettait, entre autre, aux utilisateurs de « se confronter à des positions diamétralement opposées aux leurs puis de se pencher sur les origines géographiques et sociales de chacun ».

Voilà qui est intéressant.

Faciliter le dialogue est généralement une bonne idée mais l’illusion dangereuse aujourd’hui consiste à privilégier le consensus au point d’évacuer les conflits. On irait sans doute plus loin en partant de ces derniers et en acceptant d’en parler.

Il me semble que traduction, compilation de données sociales et acceptation des désaccords peuvent créer une bonne base de départ pour des dialogues pas toujours plus amicaux mais sans doute plus réels.

Qu’en pensez-vous?

PS – Le titre de ce billet est l’un des plus célèbres dits de Mahomet devenue formule courante explique Taieb Baccouche .

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...