L’ouverture de Google lui permet de se battre sur tous les marchés, une omniprésence qui se traduit par un pouvoir immense et, de ce fait problématique.La remarquable croissance d’Apple ces dernières années repose sur la protection qu’elle offre sur les territoires qu’elle contrôle. Séduisant pour ceux que le chaos de l’internet effraye. Mais, à l’image des villes entourées de murailles qui se multiplient dans les suburbs américains, une telle pratique implique de très sérieux risques pour l’écosystème dans son ensemble: il menace d’étouffer toute possibilité d’innovation non prévue par le grand manitou et son équipe de développeurs géniaux. C’est ce que signale Jonathan Zittrain dans son livre Le futur de l’internet.

Apple et Google sont donc rivales, mais les réseaux enchevêtrés (le net), s’ils restent essentiellement ouverts, peuvent faire leur place à des sous-systèmes ouverts aussi bien que fermés et les deux entreprises savent fort bien ceux qui les intéressent.

Il est essentiel que toutes les deux puissent continuer à évoluer sans qu’aucune ait la possibilité d’étouffer l’ensemble. Et c’est là que surgit une nouvelle menace avec Facebook cette géante adolescente aux ambitions hors normes. Comme Google, elle est partout (et peut s’imposer partout), comme Apple, elle altère une des caractéristiques clés de la richesse de l’internet. Il s’agit, cette fois, de l’absence de centralisation indispensable à la liberté ainsi qu’à la prolifération des innovations. Facebook veut centraliser les informations concernant ce que font ses centaines de millions d’utilisateurs sur son site et sur tous ceux qui lui servent de satellites en adoptant les fameux boutons « J’aime ». Un vrai danger.

Que faire face à de tels affrontements entre mastodontes qui pèsent sur nos vies et nos cultures que leur taille met hors de notre portée alors qu’ils ne sont pas soumis aux contrepoids des institutions politiques?

L’erreur la plus grave (et la plus courante) est de prendre parti pour l’une ou l’autre et de nous transformer en défenseurs fanatiques comme s’il s’agissait d’une guerre de religion… de chapelles, de partis. Les plus redoutables ont toujours été les fans d’Apple mais les partisans d’Android commencent à montrer ce dont ils sont capables, en attendant que les « amis » de Facebook n’en fassent autant, sans oublier l’intolérance de certains prosélytes des modèles open source. Un comble.

Utilisateurs, nous sommes d’autant moins désarmés que toutes vivent de notre participation et que nous avons maintenant la possibilité de nous organiser sans organisation, de protester sans devoir passer par une institution… grâce à eux, à leurs compétitions.

Outre les dénoncer quand ils déconnent (billets de blogs, tchats, tweets et autres courriels peuvent aussi servir à cela), nous avons toujours la possibilité d’utiliser les alternatives open source ou les services des petits quand ils sont de qualité suffisante. En matière de bureautique en ligne, par exemple, aussi bien Zoho.com que OpenOffice.org méritent qu’on s’y arrête.

Abstenons-nous donc de prendre parti dans ces guerres de multinationales gourmandes et développons une vision critique largement préférable à l’identification aveugle si fréquente chez certains fans de chacune de ces grandes marques. Personne ne peut mieux y parvenir que nous, utilisateurs métis et curieux de leurs services… et des alternatives qui surgissent à tous moments.

Mais vous n’êtes peut-etre pas d’accord… dites le…

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...