J’ai bien aimé The Social Network , le film sur Facebook qui vient de sortir. Il est bien fait, bien mené et il dit des choses intéressantes sur le lancement de l’entreprise la plus performante aujourd’hui dans le monde des technologies de l’information.Le film s’appuie sur des enquêtes sérieuses mais il s’agit d’une fiction. Son intérêt ne repose pas sur la fidélité aux faits mais dans ce qu’il utilise une histoire passionnante pour nous sensibiliser à des problèmes intéressants.

D’abord – et celui-ci n’est pas vraiment un problème, juste une curiosité – j’ai trouvé que l’ambiance d’Harvard était bien rendue. On y trouve vraiment beaucoup de jeunes qui sont convaincus qu’ils vont dominer le monde, qui le disent et qui, dans certains cas, y parviennent.

Plus au fond, le film montre qu’un gamin a su s’emparer d’une idée qui n’était pas vraiment à lui et la faire exploser pour créer une des plus grandes entreprises du moment. Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook n’est pas le premier. Bill Gates pour Microsoft et Steve Jobs pour Apple ont fait exactement la même chose.

Ses motivations ne sont pas clairement montrées mais j’ai rencontré beaucoup de jeunes à Silicon Valley qui voulaient à la fois devenir milliardaires et changer le monde.

J’ajoute que le film montre bien pourquoi, dans certains cas, il vaut mieux être obsédé par l’augmentation du trafic que par l’obtention de recettes à court terme. « Zuck », comme l’appellent ses amis, avait raison de ne pas vouloir de pub. C’est en tous cas ce qu’on nous montre dans le film dont l’intérêt, ici, est d’illustrer le fait que l’évaluation de certaines boîtes à des dizaines voir des centaines de millions de dollars alors qu’elles n’ont pas de bénéfices sérieux peut se justifier. Tout le problème est qu’on n’en en est jamais sur « avant ».

J’ai bien aimé aussi la façon dont le film montre que, le monde des affaires peut être un monde de guerre. Les entrepreneurs sont souvent amenés à s’y comporter comme des généraux sans pitié dont la seule morale est la victoire, le gain, l’acquisition de parts de marché. Tous ne sont pas comme ça tout le temps mais ceux qui réussissent sans jamais se comporter de cette manière sont très peu nombreux.

Le film apporte également des éclairages sur certaines dimensions positives aussi bien que problématiques de Facebook.

Zuckerberg nous fournit incontestablement un outil de relations sociales (dont nous ne pouvons pas ignorer qu’il a été conçu par un asocial) qui correspond aux besoins, aux qualités comme aux vices du monde actuel. Je crois qu’il faut s’en servir, comme on se sert du téléphone ou d’une voiture mais je suis également convaincu qu’il faut le faire avec précaution en faisant particulièrement attention à deux choses à propos des quelles The Social Network, d’une certaine façon, nous met en garde:

>    La protection des données privées d’abord: le film montre comment Zuckerberg s’est fait connaître en publiant sans leur autorisation des photos d’étudiantes. Son insouciance face à ce problème remonte à très loin. Aujourd’hui nous savons que Facebook et ses semblables ont intérêt à savoir le plus de choses possible sur nous, nos habitudes et nos relations. Nous devons exiger d’avoir des outils plus simples et plus efficaces pour contrôler ce qu’ils savent.

>    La centralisation enfin: le bouton « j’aime » qui apparaît maintenant sur plein de pages web, correspond bien à l’obsession de gagner chaque jour des territoires nouveaux. Facebook sait non seulement ce que nous faisons sur son site mais aussi ce que nous faisons un peu partout où nous allons et ça c’est dangereux. Après avoir fait l’expérience sur un site, je ne m’inscris plus jamais avec mon identité Facebook.

Et vous, qu’est-ce qui vous plaît et qu’est-ce qui vous inquiète… aussi bien dans le film que dans Facebook?

[Photo du film trouvée sur Droidforums.net ]

[Ce billet est une version très légèrement modifiée de l’entretien que j’ai eu, comme chaque semaine , avec Ziad Maalouf pour l’Atelier des médias de RFI]

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...