J’ai souri la semaine dernière en disant que The EconomistThe New York Times etForeign Policy emboitaient le pas de Winch5 en saluant l’innovation hors des sentiers battus. J’y ai aussi trouvé plein d’éléments utiles. Le plus important étant sans doute que c’est la nature même du web, de l’internet et des TIC qui contribuent à ce que la capacité d’innover soit de plus en plus distribuée.

[ ToGa Wanderings sur Flickr]

Personne ne le dit de manière plus claire et plus concise que Joi Ito, l’actuel directeur du MediaLab de MIT.

Son point est que l’internet est moins une technologie qu’une philosophie de « l’efficacité de l’innovation décentralisée et bottom-up« . Elle repose sur le fait que tout le monde a le droit de se connecter et d’innover sans demander la permission de qui que ce soit (suivez mon regard, messieurs d’Apple). « Ce réseau a été conçu décentralisé avec des ressources largement distribuées. Aujourd’hui la plupart des innovations naissent de petits groupes situés sur ses marges. »

Si l’on ajoute, comme il le fait, que les coûts baissent, notamment grâce aux logiciels open source, on comprend très vite pourquoi et comment l’innovation se démocratise, pourquoi elle n’est plus l’apanage de quelques pôles hyper développés. Et tout le monde peut s’y mettre puisque « l’éducation ne passe plus par une instruction centralisée; elle tient au processus consistant à se positionner comme un nœud (node) dans un grand réseau de créativité. »

C’est exactement ce que j’ai pu constater en Afrique.

Quant à la Chine, laissons la parole à Kai-Fu Lee. Ancien représentant de Google là-bas, il y dirige maintenant un incubateur.

Après avoir rappelé que 600.000 ingénieurs sortent chaque année des universités chinoises il reconnaît volontiers que les entreprises de son pays ont commencé par copier les géants américains mais « elles se sont concentrées sur leurs clients et ont développé leurs produits en y ajoutant de plus en plus d’innovations locales ».

C’est ainsi que QQ qui n’était au départ qu’une pâle copie des messageries instantanées de Yahoo et Microsoft est devenu « un produit complètement différent qui combine messagerie instantanée, réseau social, identifiant universel et centre de jeux. » Résultat: « QQ a construit la plus grande communauté online du monde (environ 700 millions de comptes actifs) pendant que ses équivalents américains continuent à construire des messageries instantanées qui perdent de l’argent. »

La force de cette double démonstration, ce qui met en question la domination de Silicon Valley, c’est le rôle croissant de pays gigantesques et l’émergence de réseaux de créativité ouverts à tous dans lesquels innovateurs et entrepreneurs offrent à ces milliards de nouveaux usagers autre chose que ce qui est conçu à Menlo Park ou Mountain View.

[Crédit photo : ToGa Wanderings sur Flickr]

 

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...