Lancée en janvier 2010 à Hyderabad dans le centre sud du pays Docsuggest.com est une startup comme j’en ai rencontré des dizaines. Une bonne idée. Un groupe de jeunes qui en veulent. Mais pas assez surprenant pour justifier de faire le tour du monde. Sauf quand on se penche sur les chiffres avancés. Nous sommes en Inde.L’idée est simple : quand on est malade, il est difficile de trouver un médecin et encore plus d’obtenir un rendez-vous. Réponse évidente de geek : il suffit de réunir les informations dans une base de donnée et de la rendre accessible. Un peu de logique (pas vraiment de l’intelligence artificielle) permet de trouver ceux qui ont tel ou tel diplôme, acceptent telle ou telle assurance.Et comme nous sommes au pays des services téléphoniques, une petite équipe donne une touche personnelle en aidant les utilisateurs qui les appellent (ils peuvent aussi avoir recours au site web) à trouver le médecin ou l’hôpital qui leur convient le mieux. Ils laissent leurs coordonnées au moment de prendre rendez-vous et sont ensuite invités à noter la qualité des prestations.Tout est gratuit pour les patients. DocSuggest.com se fait payer par médecins et hôpitaux quand ils ont un rendez-vous ferme.D’Hyderabad, le service est passé à Bangalore, Dehli et Mumbai où j’ai rencontré Shantanu Jha (@shantanujha), le fondateur et patron (27 ans). »Nous avons vite réalisé que le téléphone est le meilleur moyen quand il s’agit de santé, un domaine où la dimension humaine est essentielle. Et nous avons formé une équipe spécialisée pour aider les gens à s’y retrouver. Ça plus la base de donnée et la possibilité de prendre un rendez vous en temps réel constituent un énorme progrès, » explique Jah. Ça fait partie de l’originalité de l’offre.Son entreprise emploie déjà 35 personnes et a une liste de 5000 médecins. Un début puisqu’il en recense 80.000 rien que dans les quatre villes où elle est présente. Il y en a, selon lui, 650.000 dans l’ensemble du pays. De quoi grandir.Je lui demande alors s’il a l’intention de s’attaquer aux marchés extérieurs. Les Indiens ne sont pas les seuls qui pourraient trouver utiles un tel service. N’y a-t-il pas ZocDoc.com aux États-Unis et Doctoralia.es en Espagne, par exemple… cela tendrait à prouver qu’il y a un marché.Moue de mon interlocuteur « Je ne regarde pas vraiment l’international. »Et c’est là que ça devient intéressant. »Je n’ai pas besoin d’aller ailleurs, » poursuit-il sans hésitation. « J’ai par contre l’intention de mieux pénétrer le marché indien qui est très complexe. Il y a beaucoup de langues. Les différences entre grandes et petites villes sont significatives. Je vais travailler avec les ONG dans les zones rurales pour les aider à réduire les distances que les patients doivent couvrir pour trouver un médecin. » »Ce marché est énorme, » ajoute-t-il, chiffres à l’appui. « Il y a 1,2 milliard d’Indiens. Ils vont en moyenne 3 fois par an chez le médecin. « Si je couvre 10% du pays – ce que je peux faire en étant présent dans les 10 centres urbains les plus importants – cela me donne 360 millions de visites… 1 million par jour. J’ai du travail pour longtemps. »Shantanu Jah changera peut-être d’avis – notamment pour satisfaire ses investisseurs – mais son histoire m’a aidé à mieux me faire une idée de cette surprenante spécificité indienne que constitue un marché à la fois énorme et terriblement complexe. Avantage ou limitation ? Votre opinion est bienvenue…

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...