La première joie au moment de dresser ce bilan succinct de Winch5, mon tour du monde de l’innovation, est de l’avoir mené à bien.

Deux opérations au tendon d’Achille ne m’ont pas empêché de visiter 40 villes au lieu des 30 annoncées. Et dans chacune d’entre elles j’ai découvert des gens fabuleux qui travaillent avec enthousiasme à nous concocter un monde nouveau, à faire bouger le schmilblick.

J’ai des réponses assez claires aux deux questions qui m’ont poussé à entreprendre cette aventure :

  1. La Silicon Valley peut-elle se voir enlever sa position dominante ?
  2. Les TIC sont elles un facteur d’homogénéisation de la planète ?

Je n’ai plus aucun doute sur le fait qu’on innove dans le monde entier et qu’on se donne les moyens de continuer. A terme, le passage à une planète innovante multipolaire est inévitable, mais la Silicon Valley conservera sa longueur d’avance pendant peut-être plus longtemps que je ne le croyais au départ (je disais que l’essentiel des innovations viendrait d’ailleurs dans un délai de 5 à 10 ans).

L’innovation est affaire d’écosystème ce qui prend du temps à construire. Peu d’endroits ont à la fois la qualité technique et la capacité financière de la Californie. La Russie, Israël, la Chine et l’Inde, les autres grandes puissances technologiques, peuvent surprendre à court terme. Un jour viendra où des innovations disruptives proviendront d’ailleurs. La prochaine peut arriver demain de n’importe où. La tendance en est encore à ses balbutiements mais elle est assez claire pour qu’il devienne risqué de ne regarder que les États-Unis pour se faire une idée d’où viennent les changements.

Quant à la deuxième question, j’arrive à une conclusion inverse de celle de Friedman. La connectivité permet de voir, de travailler, d’entrer en compétition d’un bout de la planète à l’autre (et donner ainsi l’impression que le monde est plat). Mais l’innovation distribuée qui caractérise les processus en cours est source de diversité.

Cela tient au fait que toute innovation est un assemblage d’éléments pas tous nouveaux pour résoudre localement un problème et/ou saisir une opportunité (qui peut vite devenir globale). Née de contextes toujours différents l’innovation permet en outre à tous ceux qui s’y lancent d’envisager une modernisation à la fois ouverte et autochtone, qui ne dépend plus exclusivement de l’extérieur, des pays occidentaux. Elle devient ainsi acceptable, voir désirable pour tous ceux qui veulent changer.

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...