Il y a toujours plus d’intelligence en dehors qu’en dedans et, quelque soit sa taille, une entreprise ne dispose jamais d’assez de ressources pour innover autant qu’elle le devrait. Mais elle peut avoir recours à l’innovation ouverte.

Cela consiste à maximiser le partage des connaissances internes et à s’ouvrir sur l’extérieur – y compris les concurrents – pour chercher de nouvelles solutions.

Cette stratégie a été proposée en 2003 par Henry Chesgrough, dans son livre (non traduit en français) Open Innovation: The New Imperative for Creating and Profiting from Technology.

Les réticences ne manquent pas. L’ouverture implique des risques. Elle est contraire à la pratique traditionnelle de la plupart des entreprises et bouscule les structures hiérarchiques rigides.

Cela n’a pas empêché Siemens de s’engager dans cette voie dès 2008 et le responsable, Tomas Lackner en tire des explications et conseils fort utiles qu’il vient de partager avec la revue suédoise Innovation Management.

Il est convaincu que « l’accès aux technologies les plus avancées dans le monde entier en ayant recours à la sagesse et à la puissance de l’externalisation aux foules (crowdsourcing) » joue un rôle clé dans la gestion de l’innovation.

L’essentiel – pour Siemens – n’est pas d’augmenter le nombre des personnes susceptibles de participer. Ils ont 30 000 chercheurs partout dans le monde et des accords de coopération avec plus de 1 000 universités. L’idée centrale est donc « de sortir du réseau de confiance, d’identifier les connexions qui ne sont pas évidentes et d’augmenter nos options ».

La mise en œuvre est délicate parce qu’il s’agit d’un « changement de culture ». Pour réussir il faut « une approche délibérée et planifiée top down mais aussi l’adhésion de toutes les parties prenantes à l’innovation » et donc une excellente communication. On ne peut s’engager sur cette voie que s’il s’agit de « construire une capacité qui vaudra sur le long terme ».

Siemens a même créé une « boîte à outils de l’innovation » qui comprend :

  • Un média social interne : Technoweb. « C’est une plateforme ouverte sans restriction d’accès sur laquelle tous les employés de Siemens peuvent se connecter. » L’idée consiste à rendre visibles des connaissances existantes dans cette entreprise qui aime à dire « Si seulement Siemens savait ce que Siemens sait ».
  • La dynamique est ouverte sur l’extérieur grâce aux employés qui sont les meilleurs éclaireurs pour détecter les technologies développées ailleurs.
  • Sur cette base, les dynamiques les plus productives sont les différents appels, concours, défis et sessions de créativités qui émaillent le parcours. Les demandes d’aide urgente (urgent request) sont très populaires. Il y en a jusqu’à 5 par jour dont l’impact économique peut aller de 1000 à 1 million d’Euros…

Conclusion de Tomas Lackner : « L’open innovation est le suivi naturel de tout ça quand le défi ne peut être résolu en interne et que nous devons aller chercher au delà du réseau connu ».

A lire aussi sur le site de l’Opinion

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...