Même si elles peuvent fournir de bonnes raisons apparentes, la crise et les difficultés économiques ne sont souvent que d’excellents prétextes pour expliquer le ralentissement dans le rythme d’innovation des grandes entreprises. Le problème est à la fois antérieur et plus profond.

Les innovations provenant des grandes entreprises sont passées de 44% à 9% du total selon un rapport de 2008 portant sur l’origine des innovations aux États-Unis entre 1970 et 2006.

A l’inverse, celles issues des universités et des laboratoires publics sont passées de 18% à 49% pendant la même période.

La plupart des innovations proviennent, toujours selon le rapport, de 7 types d’acteurs :

  • grosses entreprises,
  • PME,
  • collaborations entre entités privées,
  • laboratoires gouvernementaux,
  • universités,
  • startups issues de laboratoires de l’État et des universités,
  • entités publiques ou à but non lucratif.

Plutôt que d’envisager un système de planification de l’innovation le rapport conseille, comme je l’indiquais la semaine dernière, d’adopter l’attitude des capital-risqueurs ou plus précisément d’utiliser de multiples réseaux permettant d’encourager et de solliciter l’innovation là où elle naît.

Ajoutons que les départements spécialisés dans la recherche et le développement n’ont plus le même impact qu’avant.

Un récent rapport du Conseil des académies canadiennes montre que si la R&D est « une pierre angulaire de la croissance à long terme » elle ne se traduit pas nécessairement par de l’innovation.

Des 10 entreprises les plus innovantes à peine 3 figurent dans la liste des 10 entreprises qui dépensent le plus en matière de R&D.

Apple qui figure en tête des boîtes les plus innovantes du monde ne figurait, en 2010, qu’au 81ème rang des corporations pour les dépenses en R&D.

Mais, s’il est clair que les performances d’Apple ne dépendent pas que du R&D « elle sont aussi liées aux investissements dans l’innovation sur la chaîne d’approvisionnement, le marketing et le design ».

A ces deux éléments d’explication sur les sources d’innovation il est intéressant d’ajouter ces considérations tirées d’un débat ayant lieu sur le site Quora autour de la question « Pourquoi les grosses entreprises n’innovent-elles pas plus ? »

C’est largement une question d’ossification des relations répond le consultant Matt Edgar. Les startups ne peuvent réussir qu’en activant de nouvelles connexions alors que les organisations de grande taille doivent « consciemment rester ouvertes à de nouveaux acteurs ou, contrairement à ce que l’intuition pourrait indiquer, perturber les relations établies pour forcer la création de nouvelles ».

Commentaire de Neil Perkin, un autre consultant : « si l’activité ou la technologie sous-jacente change, elle change aussi la valeur des relations au sein de la compagnie, ce qui est souvent combattu ».

C’est d’autant plus important qu’innover implique toujours des relations entre personnes et de nouveaux assemblages d’idées autant que d’équipes.

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J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...