Les entrepreneurs s’y mettent avec acharnement mais la créativité, nous le savons depuis toujours, c’est le business des artistes. Au point que les premiers, quand ils s’intéressent à l’innovation, ont tout intérêt à se pencher sur les recettes des plus grands, des plus innovants parmi les seconds.

C’est ce que conseille un billet du site Innovation Excellence consacré à la récente exposition de David Bowie présentée par le Victoria and Albert Museum de Londres. Frappé par la longévité artistique de Bowie et par sa capacité à rester innovant, il rappelle qu’entre 1957 et 2012 la durée de vie moyenne des 500 plus grosses entreprises américaines est passée de 75 à 15 ans.

Bowie, lui, continue de caracoler en tête. Peut-être parce qu’il puise son inspiration tous azimuts sans perdre de temps à essayer de satisfaire les demandes de l’industrie du disque. Il collabore avec de nombreux corps de métiers – chorégraphes, designers, photographes entre autres -.

Et il a parfaitement compris que « l’innovation est un processus et pas une idée » qu’il s’applique à suivre depuis la conception jusqu’à la réalisation. Mais le titre de l’exposition dit tout David Bowie is crossing the border. Il passe la frontière, les frontières sans doute, une des caractéristiques indiscutables des innovateurs qui sont tous des passeurs comme le soulignent si bien Victor Hwang et Greg Horowitt dans leur livre The Rainforest: The Secret to Building the Next Silicon Valley.

Diversité, collaboration, mise en œuvre sérieuse, transgression… autant de bons exemples. Mais il y en a d’autres. Le fait de voler par exemple, au sens « larcin » du terme, que rappelle Fast Company. Reprenant la formule apocryphe de Picasso (citée par Steve Jobs) selon laquelle « les bons artistes empruntent les grands artistes volent » l’article rappelle que Picasso s’est emparé sans vergogne des images perçues lors de sa première exposition d’art africain pour nous les resservir dans les Demoiselles d’Avignon. Il a combiné, assemblé.

Warhol en a fait de même avec les images de la pub. Et Basquiat itou avec les graffitis des artistes de rue de New York. Mais il ne suffit pas de copier. Encore faut-il lever la tête bien au-dessus du guidon. « Que vous soyez un artiste, un entrepreneur ou un pâtissier en herbe, si vous voulez générer des idées nouvelles, regardez hors de votre champ, » nous dit l’article.

« Lisez romans et revues scientifiques, voyez des films et même des dessins animés, étudiez vieux annuaires et vieux catalogues de Sears, visitez d’étranges musées, démontez un grille-pain ou un magnétophone huit pistes. Bien sûr, toute idée hybride qui pourrait vous passer par la tête ne serait qu’un début car porter une idée novatrice à son terme est un long travail pénible, sans aucune garantie de succès. »

Autant que d’ingénieurs c’est d’artistes qu’il faut s’entourer par innover. Ils ont la l’ouverture d’esprit, la passion, le sérieux qu’il faut. Et on voit leur influence partout. Dans le rôle croissant des designers à la sir Ive à qui nous devons les formes de l’iMac à l’iPad. Mais aussi dans le succès des conférences TED mélange, comme son nom l’indique – Technology, Entertainment, Design – de technologie, de divertissement et de design mais dont la composante secrète est peut-être bien l’art.

C’est en tous cas ce qu’indique cette liste des 10 meilleurs « TED talks » parmi lesquelles on trouve celle de l’écrivaine Elizabeth Gilbert (Eat, Pray, Love) et de J.R., cet artiste (français) semi anonyme qui se présente lui-même comme « photograffeur ». Créateurs qui peuvent aussi regarder au loin et s’inspirer… de Steve Jobs.

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J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...