Paris se renouvelle en vert si l’on en croît les résultats de Réinventer Paris rendus publics le 3 février. Un article détaillé du Monde explique en effet que les projets retenus sont presque tous écolos et qu’ils se donnent pour mission de planter 26.300 m2 d’espaces urbains. Le jury a donné la préférence à des architectes relativement peu connus plutôt qu’à des stars. Une bonne chose quand on s’intéresse à l’innovation. Le site le plus vaste est l’immeuble du Boulevard Morlant. C’est aussi un des plus intéressants dans la mesure où, souligne Jean-Louis Missika, directeur de l’urbanisme de la ville « [il] exprime la volonté d’aller vers des bâtiments hybrides, avec de nombreux espaces collectifs. L’idée est aussi de privilégier de nombreux espaces réversibles : les bureaux pourront devenir des logements et vice versa ». Une question se pose pourtant à l’issue de ce fabuleux concours qui a réuni 650 participants : que vont devenir les innovations les plus intéressantes noyées dans des projets non retenus parce qu’ils n’étaient pas bien financés ou parce qu’ils manquaient d’espaces verts, c’est à dire pour des raisons sans rapport avec l’innovation, qu’elle soit technologique, architecturale ou sociale. Ce serait bien dommage de les perdre.

Accroître la mobilité urbaine pour lutter contre la ségrégationsemble une recette efficace. C’est ce qu’explique le maire de Johannesburg, capitale de l’Afrique du Sud et, « une des rares villes du monde explicitement conçues pour séparer les gens ». Sa révolution urbaine consiste à multiplier les artères bien connectées de façon à faciliter rencontres et mélanges. Les BRT (transport rapide par autobus) jouent un rôle essentiel en réduisant de moitié le temps qu’il faut pour se rendre des zones marginalisées aux centres névralgiques de la ville. Cette initiative rappelle la politique menée avec escaliers mécaniques et téléphériques pour désenclaver les bidonvilles de Medellin en Colombie. Ils lui ont permis de passer en une vingtaine d’années de capitale du crime à ville la plus intelligente du monde. Nous avons peut-être besoin de plus de sociologues pour réduire les problèmes des banlieues dont les habitants, vient de dire le New York Times, se sentent français mais ne sont pas bien reçus comme tels, notamment dans les centres villes.

Des centres de données installés au fond des océanspourraient permettre d’attribuer à Jules Vernes un prix de l’innovation et à Microsoft de réduire la note de refroidissement de ses centres de traitement des données. L’énergie pourrait même être fournies par des turbines propulsées par les courants sous-marins. Si l’expérience réussit (il ne s’agit pour le moment que de tests), elle pourrait constituer une excellente nouvelle pour les villes portuaires et réduire les coûts de connexion d’une grande partie de la population mondiale qui vit plus près des côtes que des recoins perdus où les géants du net vont cacher leurs centre. Mais, attention, on ignore encore au bout de combien de data centers ainsi immergés ils commenceront à réchauffer les mers.

Et maintenant le lampadaire anti-moustiques. C’est fou ce qu’on peut faire avec l’éclairage urbain. Copenhague s’en sert pour indiquer les places de parking vides, Glasgow pour mesurer pollution et bruit, Los Angeles comme point d’accès Wifi. Un campus malaisien vient d’en installer huit capables de charger les téléphones portables, alerter en cas d’inondation et même de tuer les moustiques (en émettant la respiration humaine pour les attirer puis en les aspirant). Ça peut être bon en Asie du Sud-Est pour réduire la dengue et dans plein de coins d’Europe pour rassurer les touristes.

Eclairer sans électricité ? Pourquoi pas se sont dit trois étudiants de l’ESCP (École Supérieure de Commerce de Paris). Pour cela ils ont créé Glowee qui propose une « solution d’éclairage sans consommation d’électricité ni émission de pollution lumineuse ». Cette start-up française développée depuis maintenant deux ans utilise des micro-organismes encapsulés dans une fine bulle qui peut se fixer sur des surfaces vitrées. À l’intérieur, ils bénéficient de tout ce qui permet leur survie : un liquide dans lequel ils peuvent prospérer et des ressources alimentaires. Cette source de lumière vivante – connue sous le nom générique de bioluminescence – fonctionne sans consommer d’électricité, et en émettant peu de pollution lumineuse et de CO2. L’autonomie de 24h (pour le moment) permet d’éclairer les boutiques la nuit sans consommer d’électricité. L’idée de recourir à la biologie synthétique est venue aux trois fondateurs alors qu’ils regardaient un documentaire sur les fonds sous-marins et les poissons qui produisaient leur propre lumière. Ils envisagent d’éclairer des rues entières… et ils y travaillent.

Une app pour aider à trouver la ville idéale n’est pas plus difficile à créer que celles qui sont sensées nous aider à trouver l’âme sœur. En quelques secondes, l’algorithme de Teleport analyse vos souhaits – fuir la mauvaise humeur des Parisiens, éviter les embouteillages de Los Angeles ou le crachin de Londres, chercher le soleil – pour vous proposer une destination. Pas bête, à condition de ne pas toujours proposer la Californie. Un conseil : intelligente ou pas, n’allez-pas croire que la ville idéale existe. Mais que cela ne vous empêche pas à y travailler, ici et maintenant (avec une app comme NeoCity par exemple) qui permet aux citoyens de se faire entendre par leurs élus.

Attention Uber et Blablacar Facebook vous en veut, si l’on en croit la demande de brevet qu’elle vient de déposer. Elle lui permettrait en effet de mettre en relations des amis ou des étrangers se rendant à un même événement de partager ainsi un véhicule. Elle pourrait même tenir compte des goûts (musicaux et autres) de chacun pour assurer une meilleure harmonie. Pour se faire une idée de l’impact de cette possibilité il suffit de rappeler que Events est utilisé par 500 millions de personnes chaque mois et que plus de 125 millions d’évènements ont ainsi été créé l’an dernier. L’intégration possible à Messenger n’en serait que plus redoutable.

La ville des clowns est un livre qui remporte un tel succès en Amérique latine depuis quelques années qu’il commence à avoir un impact social, notamment dans les hôpitaux où ces animateurs sypathiques interviennent de Lima à Brasilia. Les Italiens vont plus loin et parlent de Clownthérapie. En étant eux-mêmes, en établissant des liens directs avec les communautés de patients, ils contribuent à réduire l’anxiété trop souvent due aux structures hiérarchiques et obscures des hôpitaux. Un épidémiologiste qui participe à ces travaux rappelle que les clowns ne sont pas perçus de la même façon selon les cultures. Il les voit comme des travailleurs sociaux pas très différents d’autres ce qui donne au mouvement une nette connotation politique. Et si le véritable objectif de cette campagne anti-peur n’était autre que… la prise du pouvoir. Il précise que, avec un grand rire, que ça risque « de prendre encore pas mal de temps ». Dommage…

Photo SOU FUJIMOTO ARCHITECTS (Bâti au-dessus du périphérique, au niveau du boulevard Pershing dans le 17e arrondissement, ce bâtiment reliera la Porte Maillot à Neuilly)

Une version de ce billet a été publiée le 4 février 2016 sur le site du Monde.fr.

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...