Les indépendantistes catalans sont accusés d’agir illégalement. Cette évidence ne saurait pourtant cacher que l’invocation de la loi est l’un des arguments favoris de ceux qui se braquent contre les changements.

Les innovations, les plus significatives, les plus disruptives, se heurtent aux textes en place qui, par définition, n’avaient pas prévu les situations au milieu desquelles elles émergent, les problèmes qu’elles posent ou qu’elles prétendent résoudre.

J’entends dire trop souvent qu’on ne peut pas envisager telle out elle innovation parce que la loi ne le permettrait pas. Ma réponse est toujours : essayons de voir si ça résout un vrai problème, si ça offre de nouvelles possibilités, si ça prend auprès de la population. Il est toujours possible de modifier la loi, de l’adapter.

L’internet, le web, l’existence de copies identiques à l’original (dans la musique notamment), la possibilité technique pour quiconque de publier ce qui lui passe par la tête, pour ne citer que quelques exemples, ont tous entraîné la modification de textes existants, l’adoption de nouvelles lois.

Interdite à Barcelone, Uber est bien évidemment allée trop loin dans ses pratiques anti-compétitives et antisociales. Nombre de villes essayent pourtant de trouver des solutions tirant le meilleur parti de cette offre nouvelle sans porter trop de préjudice aux systèmes en place.

Après de nombreuses disputes et de lourdes amendes, la municipalité de Barcelone accepte la présence d’AirBnB tout en la limitant aux offres d’appartement enregistrés auprès de l’Office du Tourisme.

Quand tout va bien on assiste en fait à un double mouvement. Les municipalités adaptent leurs textes, les nouveaux venus prennent en compte les règlements.

Même les comportements évoluent. Les hôtels (à Paris en tous cas) pratiquent des prix plus flexibles et offrent des services plus personnalisés à leurs clients. On voit même – dans les villes où Uber est tolérée – des chauffeurs de taxis vous offrir une bouteille d’eau et/ou descendre pour vous ouvrir la porte.

Les changements, les innovations les plus importantes entraînent donc souvent des modifications des lois et des règlements, des bouleversements dans les comportements et des façons d’opérer des puissants. L’émergence de nouveaux services ou de nouveaux acteurs n’entraîne la disparition que de ceux qui ne savent pas s’adapter. Mais l’adaptation permet de survivre. Cela concerne les gens, les entreprises, les institutions et même les lois, voir les constitutions.

La légalité doit donc être respectée à condition de pouvoir être remise en question… légalement… mais remise en question… Vous voyez ce que je veux dire…

 

Voir mon précédent article : Barcelone : autonomie, indépendance ou connectaunomie ?

 

Une version de ce billet a été publiée sur le site du Monde.fr le 11 octobre 2017.

 

Photo : Uber photo (Pexels.com) Uber, comme bien d’autres innovations, oblige à modifier lois, règlements et comportements

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...