J’ai des doutes.De sérieux doutes. Ils concernent deux des mots que j’utilise le plus souventsur ce blog, que j’entends le plus souvent dans les conférences auxquellesj’assiste, que je lis quotidiennement sur les sites d’information et les blogsque je fréquente.

Je suis convaincudepuis longtemps que nous avons tendance à utiliser le mot »communauté » à tort et à travers. Je crois qu’il devrait s’appliquer àun groupe de gens qui ont pas mal de choses en commun (je reste vague àdessein). Or nous utilisons le terme pour désigner des individus qui visitentun même site (je trouve, par exemple près de 100.000 pages qui parlent d’uneprétendue « YouTube community »). Je ne crois pas que les gens qui vontchercher des vidéos sur ce site forment une communauté. Autre exemple: il y asans doute des « micro communautés » sur MySpace. Je ne crois pas queles usagers de ce site forment une communauté.

Même problèmeavec les conversations. Il ne suffit pas de laisser les gens s’exprimer danstoutes les directions, sans écouter l’autre, sans lui répondre pour avoir uneconversation. Il est sans doute bon de concevoir les marchés comme desconversations (pour reprendre l’expression du ClueTrain Manifesto). Cela neveut pas dire que la place du marché est une conversation. Elle est par contreun espace sur lequel ont lieu de multiples conversations. Il est bon deconcevoir le journalisme comme une conversation (plutôt que comme un cours enchair, comme le suggère Dan Gillmor) cela ne veut pas dire que les commentairesdes lecteurs à côté d’un article (louable progrès) constituent uneconversation.

J’ai des doutes…je crains que le fait d’utiliser des termes inadéquats nous empêchent de comprendre ce qui se passe vraiment, mais je ne suis pas certain de disposer des mots qui conviennent.

J’ai donc troisquestions pour vous:

  • sentez-vous,comme moi, qu’on exagère en utilisant trop souvent des mots qui impliquent desliens forts pour parler de situation caractérisées en fait par des liensfaibles?
  • si tel est lecas, quel est le coût de tels abus de langages? Y en a-t-il un?
  • quels motssuggérez-vous qui correspondent mieux à la réalité de ce dont il est questiondans chaque cas?

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...