Bonjour,


J’espère que vous avez passé de bonnes vacances. Le tourisme a partiellement repris en 2021, notamment en France. Mais tout le monde est clair que, COVID ou pas, il ne pourra pas repartir comme avant. Une question qui nous concerne tous. Elle ne connaît pas de réponse facile. Alors : posons-la ensemble…


Lecture : 4 minutes

Que penser du tourisme ? Que faire ?

Amsterdam cc-francispisani

Je suis coupable de pollution car j’ai voyagé. Beaucoup pour mon travail de journaliste, pas trop pour m’amuser. Je fuis les touristes, déteste les sites qui en viennent à signaler, avec marques sur le sol, les meilleurs endroits pour se prendre soi-même en photo. Je traîne depuis assez longtemps pour voir l’impact négatif du tourisme à Angkor comme à Tepoztlán, le village mexicain dans lequel j’ai vécu 12 ans.


A mesure que la conscience de la crise climatique et le respect de la nature gagne du terrain, alors que l’affirmation des autres cultures nous invite à mieux les respecter, il est urgent de nous interroger sur cet aspect de notre impact sur la planète et ses habitants. Sans oublier cette phrase implacable citée par The Guardian : le tourisme est « le plus grand transfert volontaire d’argent des riches vers les pauvres, des “nantis” vers les “démunis”, de l’histoire ».


Le tourisme a des bons côtés – C’est une « Activité d’une personne qui voyage pour son agrément, visite une région, un pays, un continent autre que le sien, pour satisfaire sa curiosité, son goût de l’aventure et de la découverte, son désir d’enrichir son expérience et sa culture ».


Il représente 10% du PIB mondial et 11% des emplois. Il met en jeu un véritable système de personnes, de lieux, d’acteurs économiques, de valeurs non marchandes comme le voyage de noces, le dépaysement, les rencontres.


Mais c’est une source fragile de revenus – Il dépend toujours de la perception de ceux qui se déplacent et se trouvent donc hors de portée du pays, de la région ou de la ville d’accueil. Les Cubains, dont le gouvernement en a fait la principale source de devises du pays, en ont senti dramatiquement les conséquences au milieu de l’été.


Il y a souvent trop de touristes – Nous étions 1,5 milliard à voyager dans ces conditions en 2019 et tout indique que nous sommes repartis “comme dans le monde d’avant”.

Nos endroits préférés ne nous supportent plus. Marseille est forcée de contrôler ses criques, Venise de limiter l’arrivée des bateaux croisières. En Thaïlande, la plage de Maya Bay a dû fermer pour se refaire une jeunesse.


« Le monde n’en peut plus » dit un article du New York Times aux chiffres implacables : le tourisme est à l’origine de 8% de l’émission de gaz à effet de serre et sa croissance est telle qu’elle pourrait annuler tous les efforts de décarbonisation. Un aller et retour au-dessus de l’Atlantique est presque suffisant pour annuler vos efforts en vous passant de voiture pendant un an. Un bateau de croisière émet autant de particules qu’un million de voitures.

Et ne parlons pas du tourisme spatial, une honte bien vendue dont les bénéfices pour l’humanité sont bien lointains au regard de la pollution qu’il génère.

Un tourisme responsable ?

Les offres abondent, mais c’est d’abord une question de mentalité. Essayons de :

  • Distinguer vacances et tourisme, de lutter pour que tout le monde puisse profiter des premières et repenser le second.
  • Envisager que le tourisme le plus responsable est peut-être celui qui ne se fait pas. Juste après vient celui qui se paye cher : bon pour ceux qui reçoivent, inégalitaire pour ceux qui partent… ou pas.
  • Y aller peut-être, rester pour connaître si c’est possible, mais renoncer à « faire »… le Brésil, l’Afrique Du Sud ou l’Inde à coups de sauts de puce le regard rivés sur les écrans de nos mobiles pour engranger des images aussi vite oubliées qu’elles sont prises.
  • Tester le recours à la technologie. Un vent du désert ne se digitalise pas mais il y a bien des musées que l’on commence à pouvoir visiter online et avec des casques de réalité virtuelle. Et plein de solutions pour établir des conversations avec d’autres.
  • Comprendre que l’ailleurs est partout, même dans nos têtes, que la richesse du voyage est dans l’ouverture de l’esprit, la découverte émotionnelle de la différence, le dialogue avec d’autres. Le tourisme y répond mal.

Distinguons vacances, tourisme et voyages.

En tous cas, nous ne pouvons pas revenir à ce que nous avons considéré comme “normal ». Comme l’eau, comme la viande, comme le plastique, il faut réduire notre consommation.

Quelques pistes pour alimenter vos réflexions

Qu’est-ce que le tourisme responsable ? /GEO

Code mondial d’éthique du tourisme /OMT

L’esprit écologique de Copenhague /visitcopenhagen.fr

Le Kenya s’allie avec TikTok pour attirer les jeunes /Quartz

Phuket malade du tourisme /arte.tv

Tourisme et réalité virtuelle… pour remplacer ou inciter ? /theconversation

Faitincelles

Afghanistan : Ils n’ont rien compris – La situation se complique pour les Talibans. Mais, Turcs, Iraniens, Chinois et même Russes se précipitent comme si l’histoire recommençait à zéro. Les empires sont-ils les seules meutes qui mettent deux fois le pied dans le même piège ? /JerusalemPost

Quelques pistes pour venir en aide aux Afghans /franceinter

Soutien aux artistes afghans de l’exposition « Kharmohra, l’Afghanistan au risque de l’art » Mucem (2019-2020) /helloasso

Nucléaire – Alors que la conscience de l’urgence climatique gagne du terrain, la cote du nucléaire remonte… par endroits. Arguments : il a tué moins de monde jusqu’à présent que la pollution produite par l’énergie fossile (près de 9 millions de personnes en 2018). Le recours à cette dernière tend à augmenter dans les pays qui ont renoncé aux centrales atomiques. /New York Times

Ma boîte à outils (MaBaO)

Sources sur l’actualité internationale – Parmi plein d’autres dont je reparlerai, j’apprécie The Guardian, plutôt à gauche, rigoureux dans la meilleure tradition britannique, ouvert sur le monde et qui me laisse payer en fonction de mes moyens…

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Photo Sud Bourguette

Henri Bergson

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