Vishai Gundal, fondateur d’IndiaGames à Mumbai
(photo F. Pisani)
Entrepreneurs, ingénieurs et designers sont indispensables à toute idée qui aspire à devenir innovation. Il en va de même des financiers, ou en tous cas des gens qui sont prêts à mettre de l’argent dans des projets encore un peu fous. Sans eux, la plupart des start-up ont du mal à décoller, en tous cas à s’imposer. La bonne nouvelle c’est que les innovateurs du monde entier commencent à trouver des investisseurs.La difficulté, curieusement, n’est généralement pas le manque de capital. A chaque étape de mon tour du monde, de Dakar à Recife, de Manille à Hong Kong, je me suis entendu dire à peu près exactement la même phrase : « Il y a de l’argent dans ce pays mais ceux qui en ont hésitent à investir dans le virtuel et dans des entreprises à risque ».Ayant gagné leurs sous dans du solide ils n’ont pas confiance dans le virtuel et ils ne sont pas habitués aux investissements à risques dans lesquels l’incertitude prime. Or elle est considérable quand on investit dans une start-up. La proportion des réussites est faible, mais permet éventuellement de ramasser 10, 20 voir 100 fois leur mise à ceux qui acceptent… le risque.Ces réticences pourtant semblent s’estomper, progressivement et de façon différentes selon les pays. Au Brésil, Fred Aruda, qui travaille à NascenTI, un fonds local, se plaint du fait que « le pays soufre encore de l’argent mal dépensé », dans les centres commerciaux par exemple. Mais il constate que « ça bouge ».En Russie, Andrey Gershfeld, partenaire du fond moscovite ABRT, m’a expliqué que, dans son pays, « on assiste depuis quelques mois à la création de fonds [d’investissement]. L’argent vient souvent d’hommes d’affaires qui l’ont gagné offline. Ils manquent d’expertise, mais ils ont l’ambition et assez de capital pour aller de l’avant ». Ce qui lui permet de penser que nous sommes à un point d’inflexion.La question devient donc : qu’est-ce qui les fait changer d’avis ? D’une façon générale, la place faite dans les médias aux succès fabuleux d’Apple, Google, Facebook ou Instagram montrent bien qu’on peut gagner de l’argent dans les TIC. Mais la réponse des milliardaires de Dubaï, par exemple, consiste à mettre de l’argent dans les fonds de Sand Hill Road, à Menlo Park, où se trouvent les principaux capital risqueurs de Silicon Valley. Pas chez eux.Le déclencheur est toujours le succès d’une boîte locale. C’est ce qu’on m’a dit partout.En Israël, c’est la vente à AOL pour 400 millions de dollars en 1998 de Mirabilis, une toute petite boîte créée par quatre gamins qui avaient mis au point ICQ, le premier bon système de chat qui a le plus contribué à mettre en marche la spirale ascendante.En Inde, parmi plein d’autres exemples dans cet immense pays, j’ai repéré la vente d’Indiagames à Disney comme déclencheur d’une dynamique comparable, à Mumbai en tous cas.Hasard et désordre priment dans la phase initiale. Mais l’étape suivante, qui consiste à préparer les start-up pour qu’elles puissent affronter le marché avec de bonnes chances de réussite, se fait de façon de plus en plus organisée comme je le montrerai dans mon prochain billet.A suivre…

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...