La Méditerranée m’a beaucoup surpris lors de mon tour du monde de l’innovation. On y trouve de tout : de l’émergence de nouvelles formes de protestations au développement de technologies performantes dans un climat souvent propice à l’entrepreneuriat.
Nous connaissons l’histoire récente des jeunes urbains connectés (et sans emploi) que l’on trouve sur tout le pourtour du bassin : à Tunis, au Caire, Benghazi, Tel Aviv, Istanbul, ou Athènes et dans toute l’Espagne avec le mouvement des Indignados.
Ils ont innové en utilisant la communication horizontale (ou latérale) pour remettre en cause les structures hiérarchiques traditionnelles, qu’elles soient purement dictatoriales ou, plus récemment, religieuses et patriarcales. Ils ont ainsi confirmé la formule essentielle de Fernand Braudel pour qui la Méditerranée est avant tout un « système de communication », un « espace-mouvement ».
Autre élément frappant : la présence d’une des super puissances des technologies de l’information : Israël, authentique « Nation Startup« . C’est le pays étranger qui, après la Chine a le plus d’entreprises cotées au NASDAQ.
Illustration de son succès : l’achat récent pour 1,1 milliard de dollars par Google de Waze qu’un de ses fondateurs, Amir Shinar, m’a défini comme un outil de « navigation mobile sociale ». Ses membres sont une incomparable source d’informations sur la circulation automobile en temps réel.
Beyrouth brille par sa capacité d’attraction des entrepreneurs du monde arabe. On y trouve nombre d’accélérateurs comme Seeqnce, d’incubateurs (Berytech de l’Université Saint Joseph) et d’espaces de coworking plus orientés vers l’innovation sociale comme AltCity. C’est dans ces lieux que se réunissent les startupers de la région dont un des problèmes est que le capital se trouve dans les Émirats et le marché en Égypte.
C’est aussi à Beyrouth qu’opèrent Arabnet qui organise des conférences itinérantes et Wamda qui se veut un véritable écosystème pour les entrepreneurs de ce qu’on appelle en anglais MENA (Middle East and North Africa).
Istanbul joue à merveille son rôle de charnière entre l’Europe de l’Ouest, la Russie, l’Asie Centrale, l’Iran et le monde arabe. Mais les récents mouvements de protestation de la place Taksim et la syntonie avec les évènements du Caire sont une illustration convaincante de son rôle clé en Méditerranée. Dans le domaine de la technologie j’y ai trouvé une entreprise particulièrement intéressante Pozitron dont l’offre dans le commerce et la banque mobile a été saluée aussi bien par Deloitte que par la Harvard Business School.
Les bouleversements politiques n’empêchent pas la création, l’émergence et le développement de startups intéressantes en Égypte. J’ai été très impressionné par Wireless Stars plateforme de développement des apps de géolocalisation pour le monde arabe créée par Adel Yousef un ancien de Google. La révolution peut faire fuir certains investisseurs mais, selon Amr Sobhy, patron de Pushbots.com cité par le Wall Street Journal, elle a entrainé un développement de l’entrepreneuriat en rendant « psychologiquement possible que les gens réalisent qu’ils peuvent réaliser quelque chose ». Ils ont perdu la peur du risque.
Tunis trouve une place de choix dans le dernier Global Innovation Index publié la semaine dernière par l’INSEAD, l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle et l’Université de Cornell. Il y est montré que le technoparc d’Elgazala (le premier dans le Maghreb) est devenu un écosystème diversifié. Il héberge 100 entreprises (quatre fois plus qu’en 2002) dont 13 multinationales.
Pôle d’attraction pour la téléphonie mobile comme pour les villes intelligentes avec les congrès mondiaux de ces deux secteurs qui s’y réunissent chaque année, Barcelone aspire à devenir le hub de l’innovation en Méditerranée. Comme nous venons de le voir, la concurrence est dure. Un excellent signe pour la région.