La start-up canadienne WeavAir a été créée par Natalia Mykhaylova, PhD. De l’Université de Toronto. Elle a mis au point des capteurs avancés qui, placés sur les systèmes de chauffage et d’air conditionné, surveillent et mesurent les différents polluants émis par ces appareils, afin d’améliorer la qualité de l’air intérieur et de réduire la consommation d’énergie. Une technologie utile pour les grands immeubles de bureaux et pour les institutions de santé comme les hôpitaux.

Pourquoi avez-vous lancé WeavAir ?

C’est l’évidence de l’impact de la pollution atmosphérique sur notre santé qui nous a poussés à développer notre technologie. De nombreuses personnes m’avaient contactée pour manifester leur inquiétude concernant la médiocre qualité de l’air qu’elles respiraient chez elles ou dans leurs bureaux. J’ai d’abord lancé une entreprise qui a conçu et mis au point un nouvel appareil bon marché capable de mesurer avec précision la pollution de l’air intérieur. Cet appareil a suscité un authentique intérêt parmi les utilisateurs mais l’entreprise n’a jamais décollé. Une analyse plus profonde nous a conduits à nous intéresser aux systèmes de chauffage, de ventilation et de climatisation (CBC). Souvent mal gérés, ils représentent l’un des postes les plus importants de consommation d’énergie et d’émissions carbone des bâtiments. Il y avait là une opportunité inexploitée d’innovation, que nous avons saisie et qui nous a conduits à la création de WeavAir.

Qu’est-ce qui est réellement nouveau dans ce que vous proposez ?

Les appareils de WeavAir surveillent trois types de données : physiques (température, humidité, bruit, lumière etc.), de pollution (NO2, CO, CO2, etc.) et biologiques (pollen, bactéries en aérosols). Cela permet d’améliorer la précision des modèles prédictifs et ainsi de réduire les défaillances des appareils, d’économiser de l’énergie et d’améliorer la qualité de l’air. Nos algorithmes permettent de détecter les problèmes à temps. Nous proposons aussi une adaptation personnalisée aux types de polluants locaux. La solution WeavAir permet de réduire de plus de 20 % la consommation d’énergie d’un appareil de chauffage ou de climatisation

Pourquoi connectez-vous vos appareils en réseau ?

Cela nous permet d’obtenir une vision d’ensemble des problèmes à l’intérieur d’un immeuble et donc de les détecter et de les résoudre plus vite.

Comment voyez-vous la croissance et le développement de votre compagnie ?

Notre but à long terme est de positionner l’appareil comme un outil normalisé de surveillance de la conformité aux standards des constructions écologiques. La technologie que nous développons mériterait d’être obligatoirement installée dans les immeubles en construction et cette obligation devrait être inscrite dans les codes de la construction et de l’habitat. Nous discutons avec les autorités régulatrices pour l’obtenir.

Vous dites vouloir créer un mouvement. Pourquoi ?

Trop de gens ne mesurent pas combien leur environnement affecte leur santé et leur productivité, pour la simple raison que les données et les conseils en temps réel ne sont pas disponibles. Nous voulons favoriser une prise de conscience en lançant ce mouvement.

 

Une version de ce billet a été publiée sur le site du Monde.fr le 10 juillet 2018.

 

Photo : Natalia Mykhaylov fondatrice de WeavAir

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...