Attention aux innovations mirages

Qui ne rêve d’une entreprise capable de mettre en œuvre, en même temps, innovations disruptives et incrémentales? Tout le monde semble vouloir participer à la course aux innovations disruptives. On a tendance à ne parler que d’elles sans voir qu’elles peuvent aussi opérer comme mirage.

Difficile de savoir aujourd’hui ce que vaudront ces idées, mais leur accorder trop d’importance risque de faire oublier le rôle clé des innovations incrémentales.

Comme consommateurs, nous adorons l’iPhone, exemple phare de ce type d’innovation et nous rêvons de ces perturbations qui donnent l’impression de «vivre une époque formidable».

  • Toyota préfère les innovations incrémentales qui lui permettent de mettre en œuvre, chaque année, un million d’idées nouvelles provenant de l’ensemble des travailleurs. Toutes ne réussissent pas mais l’ensemble lui a permis pendant plusieurs décennies de maintenir sa position sur le marché et, souvent, de l’améliorer.

La compétitivité est souvent plus affaire de ce type d’innovations peu visibles. Cela rappelle la vieille tension entre évolution et révolution.

  • Thomas Friedman vient d’évoquer «l’autre éveil arabe» (The Other Arab Awakening) dans le New York Times. Le premier concerne les révolutions du «printemps» (Égypte et Tunisie entre autres). Le second concerne les monarchies de l’Arabie Saoudite et des Émirats du Golfe.
  • Elles sont loin des «démocraties fonctionnant sur la base d’un homme, un vote», mais les dirigeants ont conscience que leur légitimité est en danger.
  • Plus libres que par le passé, les discussions ont lieu sur Facebook, Twitter et YouTube. L’Internet, dont l’importance a été surévaluée dans les révolutions, est sous-évaluée dans ce lent mouvement.
  • De leur côté, les dirigeants s’efforcent de mieux servir. Dubaï, par exemple, a mis en œuvre un programme ambitieux de mesure «d’indicateurs clés de performance» pour tous les ministères.
  • En bref : ça bouge. A petits pas.

Nous savons depuis Paul Valéry que «le monde ne vaut que par les extrêmes et ne dure que par les moyens». La difficulté consiste à penser les deux à la fois et, plus encore, à agir en conséquence. Qui ne rêve d’une entreprise capable de mettre en œuvre, en même temps, innovations disruptives et incrémentales, d’une société capable de multiplier ces dernières pour ne pas être contrainte d’avoir recours aux autres, faute de mouvement ? Mais ce qui compte, c’est d’accepter le changement, de le promouvoir.

A lire aussi sur le site de l’Opinion

Crédit photo : CC/ Olivier Bacquet

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...