Dans mon dernier billet (voir ici) je parlais des changements que le développement de la télé internet devrait introduire.

L’entité qui met le contenu sur le réseau peut le délivrer de façon plus ciblée. Au lieu d’envoyer les mêmes images à tout le monde il devient possible et plus économique de proposer les matchs de foot à tel récepteur (doté d’une adresse IP) et les cornemuses irlandaises à tel autre. Iptv_001

Vu par l’usagère, qui aujourd’hui ne dispose que des décodeurs genre Tivo qui permettent d’enregistrer et de filtrer les programmes émis de façon classique, cela veut dire que la « vidéo à la demande » (VOD ou video on demand) deviendra bientôt réalité.

En termes économiques cela bouleverse la publicité de masse que tout le monde doit avaler sans sourciller et devrait permettre des annonces elles-mêmes plus ciblées comme on en trouve sur la toile.

Cela devrait surtout permettre aux distributeurs de contenu de bénéficier de la longue queue (long tail) propre à la diffusion sur le net : le fait qu’il est possible de gagner autant d’argent, sinon plus, en offrant de multiples programmes qui n’intéressent chacun qu’un petit groupe qu’en offrant un choix limité de spectacles censés plaire au plus grand nombre.

Les principaux acteurs

Dans un rapport publié en mai par Release 1.0 (sur abonnement), la publication créée par Esther Dyson, Scott Kirsner, distingue trois acteurs principaux : •les compagnies de télécommunication qui, parce qu’elles peuvent installer l’infrastructure (fibre optique), voient un moyen de se positionner sur le marché de la télévision et du câble.

•Microsoft, ensuite, qui espère que tout se passera par l’intermédiaire d’une boîte, PC ou set-top box gérée par Windows.

•Plein de start-ups, enfin, qui se lancent sur ce marché prometteur. Parmi les plus intéressantes il retient notamment : TotalVid (vidéo à la carte), Brightcove (met en contact producteurs et audience), et Gotuit Media (indexation de tout le contenu disponible).

Le second changement radical c’est que « tout le monde » peut mettre en ligne ses propres vidéos parmi lesquels les autres usagers pourront choisir s’ils les préfèrent à celles des médias établis. Il faudra, pour cela, créer des « marchés de contenu » une idée à laquelle travaille une société comme Akimbo.

L’affrontement

Pour mieux expliquer les deux changements en question, Robin Good, un expert en nouveaux médias, fait une distinction entre téléIP (IPTV) et télé internet.

Pour lui la première est le domaine des grosses institutions qui entendent distribuent leur contenu habituel dans des « systèmes fermés et propriétaires comparables à ceux distribués sur le câble aujourd’hui mais sous forme de chaînes sûres utilisant le protocole internet ce qui représenterait une augmentation réelle de la distribution du contenu ».

Au contraire, la télé internet est « un cadre ouvert dans lequel un très grand nombre de PME productrices de vidéo participent dans des niches extrêmement créatives à côté des offres des canaux de distribution traditionnels ».

Ce qui compte, au-delà de la distinction sémantique, que tout le monde ne partage pas, c’est la distinction entre deux modèles et, d’une certaine façon, la reconnaissance de leur affrontement.

L’adoption de l’internet par la télé implique un bouleversement particulièrement profond. Même si l’essentiel de l’offre risque d’être pendant encore très longtemps le fait d’un nombre réduit d’entreprises de grande taille, elle cessera d’être un moyen de communication de masse au sens traditionnel du terme : la diffusion d’un même programme à une audience aussi large que possible (broadcast).

Source de la première image. Source de la deuxième image.

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...