Au cours d’une conversation sur les médias et l’internet, je me suis rappelé la grande peur des journalistes en 1994 : que l’internet entraîne une atomisation de la société et que la possibilité pour chacun de choisir uniquement les rubriques ou les médias qui l’intéressent entraînent un effritement du lien social.
La « une » dans les quotidiens locaux américains est censée représenter ce que l’équipe rédactionnelle considère important pour la communauté concernée. Celle-ci, à son tour se retrouve dans cette image projetée du monde auquel elle appartient.
L’avènement du RSS qui permet de choisir avec beaucoup de précision les nouvelles que l’on reçoit semble la matérialisation de ces craintes exprimées il y a longtemps déjà.
Elles sont fondées si l’on persiste à croire à la fonction déterminante de l’équipe de rédaction dudit journal local, à son autorité et à la notion d’appartenance.
Mais si on conçoit le journalisme comme une conversation pour reprendre l’expression proposée par Dan Gillmor, alors chaque billet devient une occasion de participer à une discussion, de se connecter à d’autres.
La vision commune poussée par un petit groupe (la rédaction) dans le format « one-to-many » est remplacée par des sujets communs de discussion.
Il est moins important d’appartenir à un tout que d’être connecté à d’autres. Au lieu d’être unis par ce que nous lisons, voyons ou entendons, nous sommes liés par ce dont nous discutons.
La balle est à vous…