Capture d'écran du site Ledface.com

Où Einstein est-il né ? Vous ne savez pas (moi non plus) mais qu’importe : Wikipedia, Google, Yahoo ou Bing, pour ne citer que les plus connus, vous donnent la réponse de manière presque instantanée. Mais si vous avez l’ingénuité de demander quel est le meilleur livre pour comprendre sa théorie… c’est la panique.

Moteurs de recherche et encyclopédies de tous types ont la réponse à toutes les questions objectives que nous pouvons nous poser. Elles bafouillent dès que nous passons au subjectif. Et pourtant, selon Horacio Poblete, co fondateur du moteur de recherche brésilien Ledface.com, 55% des questions posées à Google sont d’ordre subjectif et elles sont la source de revenus la plus importante car on clique moins pour une information factuelle. « C’est très simple, » insiste-t-il, « Google et les autres échouent face à quelque chose d’aussi simple que donner une opinion. » Quand il s’agit par exemple de répondre à la question suivante posée par un cadre de Google d’origine indienne : « Quel est le meilleur moment pour semer en Inde si l’on sait que la mousson est arrivée plus tôt que d’habitude? »

Poblete vit à Campinas, à l’ouest de São Paulo et je l’ai interviewvé par Skype depuis Rio.

Voici l’essentiel de ce que j’ai appris sur Ledface :

Comment ça marche concrètement

  • – Vous y posez la question subjective de votre choix. Ledface en reconnaît la nature et, sur la base de votre profil sélectionne un groupe de personnes susceptibles d’y répondre. La question est en fait posée à une première personne qui a 600 caractères pour répondre. Ce premier jet est ensuite passé à une autre et ainsi de suite.
  • – Au total 5 personnes participent à la co-création d’une seule réponse à la question posée. Tout le processus est anonyme.

Le principe

  • – Fruit de la collaboration entre intelligence artificielle – pour choisir le meilleur groupe – et intelligence collective – pour donner la meilleure réponse – cette dernière vous dit ce qu’il faut faire et ne pas faire, le cas échéant. Comme si vous vous étiez adressé à un/e ami/e.
  • – La différence avec Yahoo Answer réside dans la co-création de la réponse. « L’intelligence collective est supérieure au spécialiste, » estime-t-il.
  • – L’anonymat vous permet d’être vous-même et de poser les questions qui vous importent vraiment ce que l’on ne fait pas vraiment sur les réseaux sociaux.

Les perspectives

  • – Lancé en octobre 2011 par 4 ingénieurs et une publicitaire, Ledface a 4.000 utilisateurs, a cru de 20% le mois dernier et estime qu’il faut 100.000 personnes pour que les réponses atteignent la qualité souhaitée.
  • – Comme toujours au début d’un projet de ce genre il y a beaucoup de questions sur les TIC et l’entrepreneuriat. D’autres posent des questions sur leur vie amoureuse. 70% des questions obtiennent déjà des réponses.
  • – L’objectif (et le marché, si je comprends bien) est de se positionner comme une source de captation de l’intelligence collective dans les entreprises. Sur ce chemin, Ledface veut, dès 2013 se transformer en assistant virtuel. En attendant de pouvoir gagner de l’argent de cette façon il compte sur la publicité contextuelle qui devrait donner de bons résultats puisque l’anonymat nous permet de donner plus d’informations nous concernant ce qui permet à Ledface de mieux connaître ses utilisateurs que les réseaux sociaux.

Mon sentiment

L’idée est intéressante et pourrait avoir un grand succès dans le domaine de la santé. Il faut beaucoup plus d’utilisateurs pour qu’elle donne sa véritable mesure – nous sommes donc devant une vraie startup avec risque que ça ne marche pas.

L’aspiration au marché global se voit au fait que le site, brésilien, est en anglais…

Rien ne dit que les gens vont aimer des réponses anonymes à leurs questions intimes. A moins que ça ne soit le contraire, bien entendu. « L’utilisateur ne veut pas savoir ce qu’il y a derrière l’écran, il veut une bonne réponse, rapide, » estime Poblete.

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J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...