Selma Benjelloun est mince, timide, discrète et décidée. Il le faut pour se lancer dans une campagne contre les klaxons dans cette ville assourdissante. La pire peut-être – je ne parle que de bruit – de toutes celles que j’ai pu connaître jusqu’à présent. A peine débarque-t-on dans cette ville que l’urgence d’une telle action… saute aux oreilles.
Reste à convaincre les intéressés eux-mêmes.
Pour cela, Selma compte avec le soutien de son frère, qui possède une imprimerie, et sur les médias sociaux. Un vrai test.
« Nous avons lancé notre initiative fin janvier 2011, en plein printemps arabe, » explique-t-elle. « On s’est sentis ridicules de s’en prendre à la pollution sonore quand des révolutions faisaient tomber des régimes entiers. Mais on continue… »
Facebook et Twitter lui servent, entre autres, pour « monter des opérations de commando pour aller à la rencontre des automobilistes ». Il se retrouvent à un rond-point donné à une heure de pointe pour distribuer des autocollants et engager la conversation.
Il s’agit en fait de sensibiliser à l’action civique : « klaxonner est un acte qui ne dépend que de nous. C’est pas l’État qui pollue. L’arrêter est entre nos mains. »
L’action a reçu très vite un grand support médiatique. Mais Selma se demande si journaux, radios et télévisions ne s’en servent pas pour ne pas parler de politique. « C’est une manière de montrer un exemple de combat non frontal avec le système. C’est du soft… mais il n’y a pas que la confrontation qui peut fonctionner. »
Casablaklaxoon.com, le nom du site d’où elle organise sa campagne, veut dire « Casa sans klaxon ». Si je vivais dans sa ville je ferais tout pour qu’elle réussisse mais les stickers sont encore bien rares et un chauffeur de taxi m’a dit « ici on ne peut pas conduire sans klaxon ». Selma a entendu mieux encore venant d’un autre « je préfère me retrouver sans frein que sans klaxon ».
Plus ou moins dur que de renverser une dictature?
[Photo : capture d’écran du site Casablaklaxoon.com]