Dans quelques minutes je vais le poster pour que vous puissiez le voir.
Mais j’ai du mal à y croire.
C’est sans doute seulement parce que j’ai puisé mon information dans le très vénérable The Economist (Virtual adrenaline), que j’ose envisager que ça puisse être vrai.
Live-Shot.com permet à qui veut bien payer quelques centaines de dollars (le calcul est compliqué et change suivant les espèces chassées, entre autres) de mettre en joue un sanglier perdu dans les collines du Texas, de viser et de tirer sans bouger de chez soi. Ça se fait en chaussons et pyjama, bien au chaud, loin du danger, de l’odeur de sous-bois humide et du vent qui pique.
Le site existe. On peut y voir une carabine montée sur un axe avec articulations et une lunette de précision dotée d’un zoom. C’est elle qu’on peut diriger de jour comme de nuit en déplaçant sa souris sur sa table d’ordinateur.
Les gens payent 6 dollars pour tirer dix coups sur une cible papier (plus un abonnement de 15 dollars valable un mois). Mais pour tirer sur un animal, il faut d’abord obtenir un permis de chasse. Les formes et les caisses de l’État du Texas sont sauves. L’émotion ? Quién sabe ?
La question suivante est bien sûr : A quand la guerre comme ça ?
Je vois d’ici (si j’ose dire) le modèle (si j’ose dire).
On engage une société privée pour aller poster des armes sophistiquées (parmi lesquelles des robots) en territoire ennemi. On fait garder l’installation par des mercenaires fort bien payés venus des quatre coins du monde. Et on ouvre ensuite l’accès des multiples sites (un par unité de feu) à la population du pays attaquant qui assurera la garde 24h sur 24 et se dépêchera de tirer sur tout ce qui bouge.
On peut même concevoir des concours.
Et quand, au bout de quelques essais, le public commencera à s’ennuyer, on fera un reality show avec des humains volontaires pour remplacer le spectacle de la guerre à distance. A ceux-là on pourra interdire de détruire les installations.
Agir à distance n’est-il pas notre rêve à tous ?
J’ai bien sûr envie de m’émerveiller devant le fait que c’est maintenant possible.
Mais cette technologie a une double face, à la fois extension de nos possibilités et abstraction de nos sensations.
Comment faire le partage ?