Face aux innovateurs qui cherchent à financer la mise en œuvre de leurs idées les investisseurs ont commencée par mettre en place des mécanismes de sélection inspirés du modèle ayant fait ses preuves à Silicon Valley. Mais le monde des TIC change et les besoins ne sont pas partout les mêmes.La baisse du coût des machines et de l’accès au net fait qu’on peut lancer des initiatives innovantes avec de faibles moyens. Dans un premier temps les startupers des pays émergents puisent dans les ressources de leur entourage immédiat (friends and family) pour travailler leur idée pendant des semaines, voir des mois sans salaire.Ensuite de quoi ils rentrent dans un système relativement bien rodé. Les mécanismes varient d’une ville à l’autre mais ils s’organisent presque toujours en fonction de trois étapes clés : la mise en forme de l’idée, la création du prototype opérationnel puis un test pour sonder les réactions du marché.Le premier niveau prend souvent la forme d’un « startup weekend«  pendant lequel une poignée d’innovateurs essayent de donner forme à leurs idées. Les meilleurs sont sélectionnés.La voie la plus recherchée consiste ensuite à passer par un « accélérateur » : un programme de 3 mois environ au cours desquels ils bénéficient d’un espace et de quelques conseils (en suivant les modèles de Y Combinator ou de Tech Stars). Ça se termine par un « demo day » et l’opportunité, en quelques minutes, de convaincre un public essentiellement composé d’investisseurs disposés à mettre de petites sommes dans cette phase d’amorçage.L’étape d’après consiste à partir en quête d’utilisateurs et de clients. Certains passent par un incubateur où ils sont sérieusement encadrés pour affiner leur technologie ou améliorer leur business plan. C’est là qu’ils peuvent attirer l’attention des capital risqueurs prêts à mettre dans la balance des quantités d’argent plus conséquentes.Le parcours est à la fois excitant et difficile mais l’inconvénient du modèle, qui tend à se généraliser, c’est qu’il ne convient pas nécessairement à toutes les situations. Il doit être adapté.C’est ce qu’ont fait, par exemple, deux entrepreneurs de Mumbaï – Mahesh Murthy et Vishal Gundal – qui, après avoir réussi, ont créé des « excubateurs » : une poignée de startups avec lesquelles ils sont en contact presque continu sans pour autant leur fournir de lieu commun. Ça leur permet de les aider sans avoir à payer le local qui coûterait très cher dans cette gigantesque métropole indienne.L’argent – toujours nécessaire, même s’il en faut moins, notamment dans les pays émergents ou en voie de développement – ne doit pas faire oublier l’importance du capital social.  Conseils et relations sont déterminants comme l’a bien compris Maciej Cegłowski, un des électrons libres qui ne manquent pas dans la région de San Francisco.Citoyen américain né en Pologne et passionné d’Argentine – ouvert donc sur le monde -, il vient de lancer le Pinboard Investment Co-Prosperity Cloud, un fond dans lequel il ne fera participer que 6 startups auxquelles il donnera exactement 37 USD.Critique de l’évolution du capital risque et de sa mauvaise influence sur les startups, il considère qu’aujourd’hui, pour ceux qui ont accès à des développeurs, « les coûts opérationnels sont négligeables ». Il promet donc aux initiatives qu’il sélectionnera toute l’aide et toute la visibilité dont ils auront besoin « pour obtenir leurs premiers clients ».Il est piquant de constater que cette sorte d’investissement frugal fondé sur les échanges et la mise en relation se trouve en germe un peu partout dans le monde à commencer, au cœur de l’Afrique, par des initiatives de coworking comme le iHub de Nairobi ou le JokkoLabs de Dakar.

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...