evgenymorozov.1268221805.jpgLe gouvernement des États-Unis vient de mettre fin à l’interdiction d’exporter des technologies de communication à l’Iran, au Soudan et à Cuba.“The more people have access to a range of Internet technology and services, the harder it’s going to be for the Iranian government to clamp down on their speech and free expression,” a déclaré un membre de l’administration Obama au New York Times.La croyance dans la démocratisation par les technologies de l’information est répandue et je suis bien conscient d’y contribuer. La vision la plus carricaturale nous en est donnée par tous les articles écrits sur la « Twitter Revolution » en Iran.Pas si simple clame Euvgeny Morozov . Dictateurs et fanatiques peuvent, eux aussi, nous innonder de tweets, se servir de Facebook et de YouTube.Ils le font avec un art et une maîtrise croissants.La publication, ce mois-ci, par la revue Booksmag.fr , d’un long article de Morozov sur le sujet et de la réponse de Clay Shirky, gourou de l’internet démocratisant, sont une excellente occasion pour faire le point.Commençons par les arguments de Morozov qui est, entre autres, blogueur sur le site de Foreign Policy .J’en retiendrai trois (mais vous invite à lire l’essai en entier sur Prospects ou dans la version papier que vient de publier Books).>> Les concessions: En permettant à un grand nombre de gens de suivre un mouvement de protestation, le web permet aux sympathisants timides (fence sitters, ceux qui restent sur le trottoir) de rejoindre les autres quand ils sont nombreux. « technology reduces the marginal cost of protest, helping to turn “fence-sitters” into protesters at critical moments. An apolitical Iranian student, for instance, might find that all her Facebook friends are protesting and decide to take part. »Le mouvement peut ainsi fire boule de neige ou, comme le disent les spécialistes, des « cascades informationnelles ». Dans certains cas, cela rend également plus difficile la répression brutale: « Some governments, like Burma and North Korea, don’t care about looking brutal, but many others do. »>> Dans de nombreux cas dont la Biélorussie, l’Iran, la Chine, l’utilisation du web par les gouvernements a dépassé l’usage des contestataires. Ils s’en sont servis pour « transmettre la peur » aussi bien que pour suivre la piste des dissidents. « getting access to an activist’s inbox puts all their interlocutors in the frame ». Ils ont de plus en plus volontiers recours à des compagnies spécialisées dans le data mining pour « identifier les fauteurs de troubles ».>> Nous nous faisons des illusions sur les bienfaits démocratisants de l’internet. « Information cascades often fail to translate into crowds, even without state fear-mongering. »A cela il faut ajouter que si l’internet contribue à réduire le pouvoir des régimes autoritaires, ça n’est pas nécessairement pour le transférer aux démocrates. »Instead it often flows to groups who, if anything, are nastier than the regime. » Ils font (Morozov ne le dit pas, en tous cas dans cet article) du crowdsourcing de la répression avec des sbires particulièrement peu reconmmandables mais qui bénéficient de leur appui. Ils savent aussi que « the internet could be a new opium for the masses. »Conclusion: « We shouldn’t kid ourselves. Nobody knows how to create sustainable digital public spheres capable of promoting democracy. »L’internet peut aussi servir aux ennemis de la démocratie.La répression peut fort bien s’externaliser.Et bien sûr notre penchant à nous faire des illusions est la faute d’un autre: Clay Shirky , gourou de la capacité de « s’organiser sans organisation » notamment dans le domaine politique est, selon Morozov, « the man most responsible for the intellectual confusion over the political role of the internet. »Heureusement, aussi bien Prospect, revue britannique qui a initié le débat que Books, qui le reprend, lui cèdent la parole.J’y reviens demain avec quelques commentaires de mon cru.Je suis curieux, en attendant, de savoir ce que vous pensez du pavé jeté dans la mare du consensus par Morozov.A vous…

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...