Des municipales à Participolis

On peut discuter de clochers, de taxis et de rivalités personnelles voir de différences politiques, mais « pour les six prochaines années, le principal défi qu’auront à affronter les nouveaux édiles est celui de la façon dont ils sauront se servir des nouvelles technologies, qui bouleverseront bientôt en profondeur la vie en ville, quelle que soit la taille de la commune », affirme Jacques Attali dans L’Express et sur Slate.fr.

Attali évoque ce que « L’internet des objets, le cloud computing, le web sémantique, le big data » permettent de faire depuis l’amélioration de la circulation et des transports jusqu’à la lutte contre la solitude (« en organisant des réseaux sociaux de rencontre entre voisins »).

Il constate l’émergence de villes intelligentes partout dans le monde.

Mais, à part quelques exceptions « modestes » dont Issy les Moulineaux, Lyon, Villeneuve d’Ascq et Angoulême, « rien de sérieux n’est annoncé dans les programmes électoraux, malgré quelques discours ronflants sur le sujet. Rien en tout cas à la hauteur des fabuleux bouleversements que la vertigineuse augmentation de la vitesse de calcul des machines et de leurs capacités de stockage des données vont rendre possible dans les six prochaines années. »

Conformément à l’attitude dominante de méfiance voir de peur face aux TIC, les Français semblent craindre qu’on les utilise dans leurs villes. Une bonne excuse pour les candidats qui peuvent ainsi ignorer un sujet qu’ils comprennent mal.

De fait aujourd’hui le concept est dominé par les propositions de certains grands groupes tels IBM, Cisco ou Schneider-Electric qui pensent surtout à l’infrastructure qu’ils se proposent d’installer, à la centralisation des données qu’ils peuvent recueillir.

Mais tout ne tient pas à la puissance de calcul des ordinateurs. Les TIC évoluent toujours dans un champs défini par la tension/collaboration entre machines et humains.

Les débuts de l’informatique personnelle ont été marqués, dans la Silicon Valley, par la rivalité entre les tenants de l’intelligence artificielle (derrière le Stanford Research Institute) et ceux de l’intelligence humaine augmentée, entraînés par Doug Engelbart, inventeur de la souris et les hippies de Stewart Brand réunis autour du Whole Earth Catalog.

Le traitement centralisé des données peut être efficace, mais il y a d’autant plus de données que nous les mettons en ligne. Et elles sont d’autant plus intelligentes que nous le faisons sciemment.

Ça n’est pas tout. Au risque de schématiser à l’excès nous pouvons aborder les TIC sous l’angle de deux de leurs propriétés les plus importantes : la capacité d’enregistrer et de traiter un nombre considérables de données et la faculté, pour tout point connecté, de communiquer avec tout autre. Ce qui nous permet de mieux participer.

Face à la version — que je qualifie de « datapolis » — des grands groupes, nous pouvons mettre en avant une autre façon de rendre nos villes plus intelligentes : en misant sur le recours actif aux propriétés participatives des TIC. Bienvenue à Participolis.

Crédit photo : Jean-Louis Zimmermann/CC

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...