La fragilité économique de web 2.0 tient au fait que la quasi totalité des revenus provient, pour le moment de la publicité, estime le prévisionniste Mark Anderson dans une analyse dont j’ai parlé hier.
Mais cette vue d’ensemble ne dit pas tout et Anderson, qui le sait, a invité le responsable d’une activité qui parvient à faire payer les gens dans le cadre de web 2.0: l’impression et l’échange d’images.
Patrick Scaglia, responsable technique du Imaging and Printing Group de Hewlett-Packard, trouve quatre modèles économiques et non pas un. La pub en fait partie, bien sûr. Les grands bénéficiaires sont Google, Yahoo et Microsoft Live. Mais il faut ajouter les « transaction brokers » (intermédiaires pour transactions) comme eBay et les abonnements, nouvelle forme de monétisation des applications connue comme « software as a service » (SaaS). Les références sont Office Live de Microsoft et les Google Apps.
Quatrième patte de ce tabouret moins bancal peut-être qu’on ne pourrait craindre, le modèle « des octets aux objets » dans lequel on se sert des données pour mieux vendre des objets. Amazon est la plus connue.
Partant du fait que l’impression digitale n’a gagné que 5% du marché de tout ce qui s’imprime en 25 ans Scaglia estime que « ce qui nous manque c’est un genre de ‘supply chain’ (chaîne d’approvisionnement) électronique pour le contenu numérique », quelque chose que seul le contenu généré par les usagers peut fournir. Nous sommes en plein web 2.0, qui « fournit les instruments, l’infrastructure et les pratiques susceptibles de régler le problème, » précise-t-il.
D’où la première ligne de travail mise en œuvre avec le service en réseau Snapfish (stockage en ligne, échange de photos et impression). Il a entraîné près d’un milliard d’impressions en 2006 alors que la vente de livres de photo sur le même site a augmenté de 500% et celle de calendriers de 400%.
Par ailleurs, « le web permet d’établir un pont entre le contenu des usagers et des capacités de production à l’échelle globale » estime Scaglia, d’où l’idée de créer « d’énormes usines d’impression automatisées ».
Tabblo (récente acquisition de HP) permet de réunir images et mots (personnels ou à plusieurs) pour en faire des pages web ou des livres. Il s’agit en fait de mettre en place une plateforme ouverte dont Scaglia souhaite qu’elle devienne « le moteur à imprimer » du web permettant à tout site ou personne de connecter du contenu et de l’imprimer de façon simple. C’est aussi une façon de s’adapter au fait que l’innovation « a lieu sur le web », en direct et pas dans les labos.
[Photo Flickr de -Kj]