On a déjà eu une révolution digitale et ça suffit ne se fatigue pas de dire Neil Gershenfeld, professeur au Massachusetts Institute of Technology (MIT) et directeur du Centre for Bits and Atoms où il montre que « certains programmes peuvent traiter des atomes aussi bien que des bits et digitaliser la fabrication [de choses] de la même façon que la communication et l’informatique ont été digitalisées ».

La prochaine révolution concerne la fabrication. Pour la préparer il a conçu et commencé à distribuer de par le monde des petites machines qui peuvent permettent de fabriquer (presque) n’importe quoi. Cette aubaine pour les bricoleurs de toutes latitudes pourrait aussi contribuer à modifier la dynamique du développement.

L’idée de fond consiste à intégrer informatique et fabrication, puis de mettre le tout à la disposition d’une seule personne ou d’un tout petit groupe. C’est ce que Gershenfeld explique dans sont tout récent livre FAB: The Coming Revolution on Your Desktop–From Personal Computers to Personal Fabrication (FAB, la prochaine révolution sur votre bureau – Des ordinateurs personnels à la fabrication personnelle).

Un peu comme on est passé de l’ordinateur « mainframe » au laptop, les machines outils sont en train de perdre du poids, de baisser de prix et il est de plus en plus facile de leur ajouter un peu d’intelligence. Elles seront un jour capables de construire des machines, c’est-à-dire de se reproduire. On est loin du bricolage d’hier.Machines à découper au laser et imprimantes 3D

Grâce aux “fabricateurs personnels” les étudiants de Gershenfeld ont déjà réalisé une bicyclette, un interface qui permet à un perroquet qui s’ennuie pendant que sa maîtresse est au travail de surfer l’internet ou de faire défiler des diapos sur un écran et un réveil qui ne s’éteint que quand on a gagné un jeu contre lui, signe indiscutable qu’on est réveillé.

Une fois conçu et réalisé, un tel prototype peut circuler sur l’internet et être téléchargé par d’autres qui n’ont ensuite qu’à le fabriquer. Les étudiants se pressent par centaines à l’entrée de son cours intitulé « Comment fabriquer (presque) n’importe quoi ». Il attribue leur engouement – et l’importance croissante du phénomène – au fait que « la fabrication personnelle satisfait les désirs individuels et non les besoins des marchés de masse ».

Les « fab labs » sont composés pour l’essentiel de machines à découper (au laser ou par projection d’eau), de tours et d’imprimantes 3D. Elles sont connectées par des ordinateurs fonctionnant sous Linux et il est de plus en plus facile d’ajouter de l’intelligence grâce à des micro contrôleurs capables d’effectuer très vite des opérations simples de calcul et de contrôle.

Les composantes essentielles sont trouvables dans le commerce. Leur principale limitation est qu’elles ne sont pas capables de produire quoi que ce soit qui soit plus grand qu’elles. Chacune d’entre elle est environ de la taille d’un Fax ou d’un ordinateur de bureau.

Gershenfeld a déjà mis en place des fab labs en Norvège, au Costa Rica, en Inde et au Ghana. Leur impact sur les pays en voie de développement pourrait être considérable.

A suivre…

[Image trouvée sur le site du Center for Bits and Atoms]

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...