Photo par Francis Pisani
Il suffit à Imideo d’une seule image fixe pour savoir de quelle vidéo elle vient, aller la chercher sur le net et la jouer. Comme Shazam pour l’audio, comme Google pour le texte. Mais pour les images qui bougent, c’est autrement plus compliqué, sauf pour Enswers, une startup coréenne dont vous ne tarderez pas à entendre parler, pas tous avec le même plaisir.La liste des fonctionnalités est impressionnante.Un plugin installé dans le navigateur reconnaît automatiquement non seulement à quelle vidéo une image correspond mais à quel moment elle apparaît ce qui permet de voir aussitôt le moment en question. « Pas besoin, comme avec YouTube, de regarder la vidéo en entier, » m’a fait remarquer avec un sourire satisfait Jack Kilyoun Kim, fondateur et CEO d’Enswers (avec un « e » comme dans « Entertainment« ).Avec un mobile, il suffit de prendre une séquence passant sur une télé pour avoir aussitôt accès à la vidéo au programme d’origine. Sur l’iPad, Imideo (pour vidéo immédiate) reconnaît et télécharge un jeu dans les mêmes conditions.Comme s’il n’y avait pas de limite une fois qu’on a la bonne technologie, un parent peut parfaitement prendre une photo d’un livre d’images pour enfant (Blanche Neige par exemple) pour accéder à une copie du livre et à une vidéo de la même histoire trouvée sur YouTube ou toute autre source du même type. Quand le texte est en anglais, un dictionnaire est automatiquement téléchargé. Le tout est « surprenant de rapidité et de précision » m’a expliqué David Lonjon, un développeur rentré depuis peu dans la boîte.La plupart de ces fonctionnalités ne sont disponibles pour le moment qu’en Corée, mais l’équipe est en train de s’attaquer sérieusement au marché américain, pour commencer.Elles sont rendues possibles grâce à un algorithme mis au point par Kim et son équipe pour prélever « l’empreinte digitale » de toute vidéo. « L’idée de base consiste à éliminer les doublons, » m’a-t-il expliqué. « Les relations entre titre et contenu varient considérablement, c’est pourquoi nous avons décidé de prendre l’emprunte propre à chaque vidéo. Les plus populaires sont distribuées partout sur le web. Ça nous permet de les retrouver indépendamment du titre qui leur est donné et même si la durée varie. »Mais la monnaie a son revers (son endroit pour les télés et pour les flics du copyright). Et les grosses chaines coréennes n’ont pas tardé à comprendre qu’Enswers leur permettait de retrouver les copies de leur programmes circulant sous différents titres. Le modèle d’affaire s’est imposé de lui même : il suffisait de signer des contrats de licence. KT (ex Korea Telecom), le plus gros opérateur coréen a acquis près de 50% du capital.Une disposition de la loi coréenne permet un contrôle souple. Dans ce pays où il y a plus de 100 sites de distribution P2P, on peut télécharger sans payer. Mais les télés repèrent les usages qu’elles considèrent illégaux et font payer aux utilisateur qu’elles identifient une somme qui va de 1 à 4 dollars environ. 5% sont reversés à Enswers.Cette « technologie de reconnaissance automatique du contenu » peut-être installée directement par les fabricants dans les télés intelligentes, ce qui commence à se faire en Corée et permet de savoir ce que les gens regardent.Je me fais peut-être des idées, mais j’ai senti une certaine gêne chez mon interlocuteur en parlant de cette évolution qui est une aubaine pour l’entreprise. Toujours est-il qu’il a insisté sur leur volonté de mettre l’outil directement à la disposition des utilisateurs qui peuvent chercher des vidéos sur le moteur de recherche Enswer.me.Enswers est un parfait exemple de l’absurdité de se demander si les technologies de l’information sont bonnes ou mauvaises. Elles sont toujours les deux et tout dépend de qui et de comment on les utilise. Elles ne sont pas pour autant neutres nous a enseigné Melvin Kranzberg.J’ajouterai qu’en décidant de faire de leur pays le plus avancé en matière de lignes à haut débit, le gouvernement et les grandes entreprises coréennes lui ont donné une longueur d’avance. Il s’y développe une pratique et une culture de l’information et des images qu’on ne peut encore qu’imaginer ailleurs. Elles ont leur bons et leurs mauvais côtés.Afficher Pisani Winch 5 sur une carte plus grande

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...