Etes-vous prêt à renoncer à votre voiture ?

Vous vous plaignez de la circulation impossible. Profitez-en plutôt. Lieux et villes où les voitures sont interdites se multiplient. Un rapide tour du monde révèle une tendance inéluctable.

Copenhague s’est posé le problème de l’excès de voiture à la suite de la crise pétrolière des années soixante-dix. Une des mesures choc a été un impôt de 180% sur les voitures neuves. Le résultat étant qu’en 2011 à peine 18% des familles habitant la capitale danoise possédaient une voiture. Le chiffre est de 70% dans les grandes villes américaines, sauf New York où il est de 44%.

A Singapour les impôts sont encore plus élevés. Le schéma inclue des droits de douane (41%), des frais d’enregistrement (entre 600 et 3.000€), des « Frais additionnels d’enregistrement » (150% de la valeur marchande du véhicule). Une fois qu’on a tout ça, il faut encore payer chaque jour en fonction des routes qu’on prend et des heures où on les empreinte. Le site ExpatSingapore.com prévient les candidats : « le coût de possession d’une voiture est prohibitif. Le gouvernement veut que les gens prennent les transports publics ». Au moins font-ils des efforts pour les rendre utiles et agréables.

Dubai, une autre ville dans laquelle une partie de la population a des ressources considérables, envisage de réserver le droit d’avoir une voiture à ceux qui ont un revenu « suffisant ». Ce qui équivaudrait, reconnaît The Economist, à l’interdire à la majorité, composée de travailleurs d’Asie du Sud-Est.
A partir de janvier toute personne entrant en voiture dans le centre de Madrid (sauf les habitants des quartiers concernés) devra prouver qu’elle a une place de parking réservée ou payer une amende de 90 euros. Le plan comporte aussi l’extension des voies réservées aux bus et les rues piétonnières.

Hambourg, en Allemagne, a décidé de se débarrasser de toutes les voitures d’ici 20 ans. Pour cela, elle envisage, entre autres mesures, de mettre en réseau tous les espaces verts (qui couvriraient alors 40% de l’espace urbain). Il sera possible de traverser toute la ville sans s’éloigner des plantes et des arbres.

Helsinki entend décourager l’utilisation des voitures d’ici à 2025. Mais, au lieu de se contenter de les interdire, elle met en place un système intégré de « mobilité à la demande ». Il permettra de se procurer (et de payer) n’importe quel moyen de transport depuis son téléphone mobile : voiture sans chauffeur, taxi, bicyclette, ou Uber. La mise en place d’un service de minibus, baptisé Kutsuplus est une innovation notable. Chacun indique son point de départ et d’arrivée, les algorithmes se chargent de trouver la meilleure route pour satisfaire tout le monde. Ça coûte plus qu’un bus et moins qu’un taxi. L’idée, selon le Guardian, est « d’avoir la liberté de se rendre d’un point à l’autre qu’offre la voiture sans les coûts trop onéreux en termes financiers et environnementaux qu’implique sa possession ».
Luxe d’un pays qui crée les villes nouvelles à la pelle (ou, plutôt, au bulldozer), la Chine fait l’expérience de cités entièrement conçues sans voitures. C’est le cas de « Grande Ville » construite toute en hauteur pour 80.000 habitants et entourée d’espaces verts (60% de la surface). Aucun ne sera distant de plus de 10 minutes à pied des logements. Les relations avec les villes voisines (dont Chengdu, la capitale du Sichuan) se feront par un réseau dense de transports publics.

Si ces exemples ne vous suffisent pas, vous trouverez sur Wikipedia une liste longue (mais nécessairement incomplète) des lieux sans voitures (car-free places) de par le monde.
La vraie question n’est plus de savoir si on va réduire les espaces publics livrés aux voitures – c’est en marche – mais si nous sommes capables d’accompagner les mesures répressives (financières ou autres) de propositions plus intelligentes et plus sociales – c’est moins courant. Cela va de plans d’aménagements urbains à la multiplication des moyens de transports souples et décents, sans oublier les outils permettant de choisir (et de payer) comme on veut. Nous avons sans doute notre mot à dire.

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Crédit photo : CC/Flickr/Martin Fisch

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...