Facebook le site de social networking à la mode vient de céder devant les protestations de ceux qui détestaient Beacon son système de publicité fondé sur l’exploitation des relations personnelles entre les usagers. Il faudra maintenant y souscrire (opt-in) pour y être exposé plutôt que d’avoir le droit de s’en retirer (opt-out). C’est une bonne chose ou, en tous cas, un pas dans la bonne direction.

Un communiqué de l’agence de presse publié le jeudi 29 au soir explique que La société continuera à recueillir des informations sur les actions online des utilisateurs mais qu’elle leur demandera expressément s’ils veulent qu’elles soient diffusées à leurs « friends ».

Mis en place le 6 novembre Beacon avait suscité d’amples mouvements de protestation y compris une offensive lancée par MoveOn.org, site qui s’est fait connaître pour sa capacité de mobiliser des activistes dans certaines grandes batailles politiques américaines. En dix jours leur pétition demandant l’interruption de Beacon avait recueilli 50.000 signatures.

Dans la version antérieure de Beacon, chaque fois qu’un membre de Facebook achetait un livre, un billet d’avion ou réservait une table de restaurant, l’information était transmise dans le NewsFeed de tous ses amis. Outre les entorses évidentes au respect de la vie privée cela présentait l’inconvénient majeur pour tout le monde d’interdire les surprises, pour les cadeaux de Noël par exemple, puisque Jim pouvait savoir que sa petite amie Deborah, venait d’acheter le livre dont il lui avait parlé lors de leur dernière rencontre.

L’intérêt du système, pour Facebook, est qu’il permet aux annonceurs de placer leur pub avec une efficacité considérable. En le présentant Mark Zuckerberg, patron de Facebook, avait expliqué: « Les gens s’influencent mutuellement. Rien ne les influence plus qu’une recommandation d’un ami dans lequel ils ont confiance. La référence de quelqu’un dans qui ils ont confiance influence plus les gens que le meilleur message télévisé. C’est le Saint Graal de la publicité. »

Il s’apprête donc à renoncer à certains gains à court terme en adoptant le système opt-in, mais il devrait gagner en confiance ce qui est bien plus important à long terme.

Les réactions sont plutôt positives, mais prudentes. Pour Duncan Riley de TechCrunch : « Ça ressemble à une victoire des usagers » même s’il note que la pratique essentielle pour les annonceurs ne change pas. Ce que Nick O’Neil qui anime AllFacebook explicite fort bien : « Cela veut dire que Facebook ne foutra pas le Noël de qui que ce soit en l’air (ni Hanoukka, ni toute autre vacance). Le problème central demeure qu’elle emmagasine les données concernant vos achats même si elle n’en informe pas vos amis. »

Il y a trois jours à peine je disais que « Les usagers sont écoutés parfois » . La volteface de Facebook semble confirmer cette tendance de fond. Son importance est moins ce qu’elle nous dit des dispositions des entrepreneurs d’aujourd’hui que dans les perspectives qu’elle ouvre quant à la puissance montante des utilisateurs.

Peut-être me trouvez vous trop optimiste…

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...