Simple, efficace, utile, l’application développée par M-Farm permet aux paysans kenyans de savoir le prix des produits qu’ils ont à vendre sur les marchés qui les entourent. Ils peuvent aussi s’associer pour transporter leurs récoltes ou acheter des engrais.

Et le plus fabuleux c’est que la société a été créée par trois très jeunes filles encore à l’université un jour que leur prof leur a dit qu’il y avait un concours d’applications pour mobile. Elles se sont présentées, ont gagné, et ont reçu 10.000 € pour développer leur application. Elles ont alors fondé une entreprise vite sélectionnée par un m:lab, un incubateur de Nairobi.

« L’application repose sur trois produits, » m’explique Linda Kwamboka, 23 ans, co-fondatrice et responsable du marketing. « Le point de départ a été le module permettant de savoir le prix (price enquiry module) : le fermier envoie un SMS au code 3535 avec le produit et la location qui l’intéressent et en moins de 10 secondes il a le prix demandé, ce qui lui permet de choisir où vendre. »

Un SMS disant par exemple: prix, choux, Embu (une ville) obtient le prix d’un sac normal de 126kg à Embu. Mais s’il tape ensuite: prix, choux, Nairobi il risque de découvrir qu’il pourrait vendre le même sac pour plus de cinq fois plus dans la capitale. A lui de voir si la différence dans le coût du transport vaut la peine. Les deux autres modules permettent « d’acheter ensemble » ou de « vendre ensemble » toujours par SMS.

Mais dans ces incubateurs comme m:lab, on essaye de produire des entreprises et la question de leur modèle d’affaires se pose donc. Simple lui aussi. M-Farm prend 10 shillings kenyans par SMS c’est à dire environ 10 cents de dollar. Linda dit que les fermiers n’hésitent pas face à cette dépense car elle peut leur permettre de gagner ou d’économiser des milliers de shillings.

Petit détail qui m’a permis de la taquiner : faute de crédit au moment de me faire la démonstration sur son téléphone, Linda a été obligée de courir acheter une recharge à sa carte prépayée. Un problème omniprésent que les passionnés du mobile oublient toujours de mentionner. J’aurai l’occasion d’y revenir.

En tous cas leur service intéresse. En moins d’un an (la société a été créée en novembre 2010) leur projet pilote (limité à une région) a déjà 2.000 noms dans la base de données (des gens qui ont utilisé le service). 400 fermiers utilisent la modalité leur permettant d’acheter ou de vendre ensemble.

J’imagine qu’elles ne s’arrêteront pas là. On leur souhaite bonne chance ?

[Linda Kwamboka, photo de Francis Pisani]

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...