Telle est une des leçons paradoxales que l’on peut tirer de la conférence Supernova 2007 qui s’est tenue à San Francisco du 20 au 22 juin. Supernova a le mérite, d’ajouter aux discussions traditionnelles sur les jeunes startups prometteuses des réflexions de fond présentées à dessein comme des « provocations » par certains des spécialistes les plus reconnus.
Ils étaient invités, cette année, à se pencher sur « ce qui se passe quand tout est connecté ».
Quand l’informatique sera aussi facile d’accès que l’électricité
Le ton a été donné par Nicholas Carr, célèbre depuis qu’il a publié un livre (Does IT matter? ) dans lequel il met en cause l’intérêt des investissements en TIC pour les entreprises. Il annonce maintenant que tout va changer le jour où la puissance de calcul sera aussi facilement accessible que l’électricité peut l’être aujourd’hui: dans la prise de courant, dans le moindre objet.
La formule « web 2.0 » a permis d’attirer l’attention et de piquer l’innovation, estime Carr mais, aujourd’hui, les investisseurs ne pensent qu’au web et perdent de vue les produits et services qui surgiront quand l’informatique sera omniprésente (ubiquitous computing). Quand les appareils seront intelligents et connectés entre eux nous assisterons à des effets dominos dont la complexité « dépasse l’imagination » .
Et pourant, il prépare un bouquin sur le sujet prévu pour décembre: The Big Switch: Our New Digital Destiny.
L’ambiguité fait partie du système
La difficulté à comprendre provient en partie de ce que l’ambiguité fait partie du système, affirme David Weinberger, co auteur du célèbre autant qu’essentiel Manifeste Cluetrain .
Le désordre est une fonction et non un bug. Alarmant ça? Pas vraiment. Dans un article publié dans Release 2.0 juste avant la conférence, il précise que l’ambiguité est positive dans lamesure où, comme dans le cas de la loi par exemple, elle laisse sa place à l’interprétation, à la prise en compte des circonstances.
Le dernier livre de Weinberger s’intitule Everything is miscelaneous , Tout est ‘divers’. Tout appartient à plusieurs catégories à la fois. C’est donc le bordel comme le montrent le classement par tags et la folksonomie qui en résulte. C’est aussi là-dessus que repose la possibilité de participer, de s’exprimer, de choisir.
On pourrait croire que le code nous obligerait à des choix clairs. « Il n’y a pas beaucoup de place pour l’ambiguité quand le seul choix est on ou off ». Mais, précise-t-il, c’est poser le problème au mauvais niveau, à celui des composantes élémentaires du monde numérique. Le code est en fait porteur de sens et « au niveau où le code compte, il est ambigu », ou il peut l’être et nous laisser choisir comme nous le faisons tous les jours avec les logiciels que nous utilisons.
Je reviendrai demain sur l’insurmontable complexité dès qu’on fait participer les humains à l’écosystème et sur les risques qui accompagnent toute innovation.