jerryyangdavidfilo.1226999163.jpg Même Kara Swisher, journaliste du Wall Street Journal, se dit «sentimentale » face à l’annonce du retrait de Jerry Yang du poste de CEO de Yahoo!.

J’ai eu exactement la même réaction.

Elle précise que c’est:

«a truly nice man–which has been a plus and a minus for him–and an Internet visionary for sure»

Un visionnaire doublé d’un vrai bonhomme ce qui n’a pas toujours joué en sa faveur dans le monde sanglant du business de haut vol.

Je me rappelle l’avoir interviewé dans ses premiers locaux, quand il dormait encore sur le divan du coin et passait ses nuits (et ses journées) à mettre de nouveaux liens en ligne dans ce qui était alors la première tentative de faciliter l’accès à l’information que l’on commençait à trouver sur le web.

Je viens de retrouver un article publié au début 1996 dont voici un fragment:

En quelques mois, ces 2 étudiants [Jerry Yang et David Filo, l’autre co-fondateur] dont le premier bureau était une remorque sont devenus une référence à Wall Street qui est prêt à dérouler le tapis rouge pour les recevoir. Ça n’est pas une raison, selon eux, pour porter cravate, renoncer aux tennis. Lâchés depuis peu dans la vie réelle, ils aspirent à devenir milliardaires sans perdre leur impertinence, sans renoncer à changer le monde. La technologie les fascine, les affaires les ennuient. Selon Yang, que je cite: »Nous sommes intéressés par quelque chose de plus intangible que l’argent. L’Internet va changer la vie des gens. L’opportunité de participer à une telle aventure ne se présente qu’une fois dans la vie. »

Il m’avait alors expliqué l’origine du nom choisi par leur compagnie tiré d’un des voyages de Gulliver au cours duquel il rencontre une race de gens bestiaux: les Yahoos…

Jolie façon de se positionner…

Au fond, au risque d’en faire hurler certains, ce que j’ai toujours apprécié chez Yahoo (avec une nostalgie croissante car c’est de moins en moins évident) c’est qu’elle représentait le pôle «humains + machines» face à Google qui fonde l’essentiel de sa stratégie sur la toute puissance de ces dernières.

Même sa mauvaise gestion de la tentative de résistance à l’offensive de Steve Ballmer, le patron de Microsoft, qui est à l’origine du départ de Jerry Yang est aussi une bonne raison de se sentir «sentimental»…

Pas trop, mais un peu quand même…

Je déconne?

[Photo FLickr de Yodel Anecdotal ]

J’enquête, je suis et j’analyse les technologies de l’information et de la communication depuis la préhistoire (1994). Piqué par la curiosité et l’envie de comprendre ce que je sentais important,...