En menaçant de rompre avec la Chine en janvier Google s’était fondamentalement positionnée comme grande puissance privée dans l’arène des méga puissances publiques. Mais il ne s’agissait alors que d’une déclaration d’intention dont il restait à voir jusqu’où elle pouvait aller.
La décision annoncée hier de rediriger vers le site basé à Hong Kong les recherches faites par des utilisateurs situés en Chine permet d’y voir plus clair dans le jeu et la stratégie des dirigeants de Google.
A un niveau élémentaire, cette décision est:
« Sympathique » dans la mesure où elle est une prise de position limpide contre la censure;
Risquée dans la mesure où elle risque de couper la plus grande entreprise du web du plus grand marché d’utilisateurs;
Mesurée dans la mesure où les revenus de Google provenant directement du moteur de recherche chinois sont faibles;
Astucieuse dans la mesure où elle tente de positionner la compagnie en tête de ceux qui, de plus en plus nombreux, protestent contre certaines pratiques commerciales, économiques et politiques du gouvernement chinois.
Sur le fond, Google vient de montrer qu’elle est capable d’aller à l’affrontement direct face au géant chinois avec les risques (calculés) que cela implique.
J’ai l’impression que cela confirme ce que j’avais envisagé dès janvier, à savoir que nous venons d’entrer dans une nouvelle ère dans laquelle une entreprise privée peut aller publiquement à l’affrontement avec un des états les plus puissants (un sujet que j’ai développé plus avant dans El País ).
Je me demande quelles surprises cela nous réserve…